Intersectionnalité

Intersectionnalité

L’intersectionnalité est un concept au coeur des réflexions féministes. Il démontre que le genre, la classe sociale, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle, le poids, le handicap… sont des facteurs de discrimination qui peuvent s’entremêler et se renforcer les uns les autres.

Ce concept vient des milieux féministes noirs des Etats-Unis. Il a été formulé pour la première fois par la juriste Kimberlé Crenshaw à la fin du XX siècle. Crenshaw a démontré que les femmes noires sont doublement victimes. Elles sont discriminées en tant que personne noire et en tant que femme. Elles ont ainsi plus de difficultés pour faire reconnaître les discriminations qu’elles subissent.

Le concept d’intersectionnalité permet de comprendre que la situation de chaque femme n’est pas identique et qu’il existe des situations spécifiques qui sont bien souvent oubliées. Cela permet de penser la domination comme plurielle. Ce concept donne un nouvel espace de visibilité aux personnes victimes de plusieurs discriminations et cherche à ne pas reproduire de nouvelles formes de hiérarchie (qui peuvent exister au sein même de certains mouvements féministes).

Source de controverses

Le concept d’intersectionnalité a créé de nombreuses controverses en Europe. Par exemple, il se heurte à une approche universaliste considérant LA femme comme un ensemble. Il se confronte également à une vision marxiste pour qui la classe sociale est le principal facteur explicatif des discriminations.

L’exemple le plus marquant est le débat sur le port du voile. En effet, il oppose les féministes universalistes et celles partisanes d’une approche intersectionnelle. Ainsi, les universalistes considèrent le voile comme un outil d’oppression patriarcal qui serait imposé aux femmes, incapables d’effectuer un choix libre de toute domination. Plus particulièrement, elles craignent que le concept d’intersection renforce les sentiments identitaires et empêche toute critique du voile. Par contre, les autres pensent le voile comme un choix personnel et refusent cette image victimisante. Elles reprochent aux universalistes d’exclure les femmes voilées des débats, de parler en leur nom et d’imposer une vision occidentale de l’émancipation. 

Certains mouvements féministes accusent également les universitaires blanches de s’être réappropriées ce concept tout en mettant de côté la particularité de la question raciale et en excluant les personnes racisées de l’espace académique et de la production de savoirs. La professeure de sociologie Sirma Bilge parle ainsi d’un « blanchiment de l’intersectionnalité ».  Il est à noter que le terme misogynoir est parfois employé pour décrire les discriminations dont souffrent spécifiquement les femmes noires.

Louise Delette

Références juridiques

  • Loi du 10 mai 2007 luttant contre différentes formes de discrimination
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