Taxe rose

Taxe rose

Définition

La « taxe rose » est un concept qui vient des États-Unis. Cette notion est apparue dans les années 90 en Californie. Elle désigne la différence de prix qui existe entre les produits étiquetés « homme » et les produits étiquetés « femme ». En effet, alors qu’ils sont la plupart du temps identiques, outre le packaging, les produits destinés aux femmes coûtent plus chers que ceux destinés aux hommes.

Produits concernés

Parmi les exemples flagrants, on peut citer les rasoirs, les déodorants, les gels douche, les parfums, dont le packaging rose fera augmenter le prix sans aucune autre raison. Les salons de coiffure ou les services de pressing pratiquent également des tarifs différenciés selon le genre des client.e.s, pour un temps de travail similaire. Pire encore, la taxe rose commence dès la naissance. Certains jouets pour enfants sont plus chers en version rose qu’en version bleue, même si le jouet en lui-même est exactement le même.

Origines en Europe

En France comme en Belgique, c’est grâce au collectif féministe Georgette Sand que cette taxe invisible est maintenant connue par tous. En 2014, ses membres décident de se balader dans les rayons d’un supermarché pour comparer les prix des produits destinés aux femmes à ceux destinés aux hommes.

Après avoir dénoncé et mis en évidence cette taxe invisible sur les réseaux, de plus en plus d’internautes ont publié des preuves de cette différence de prix injustifiée.

Justifications et objections

Selon certain.e.s expert.e.s marketing, l’objectif de cette taxe invisible serait de laisser penser à la consommatrice qu’elle est une cliente à part, qu’on lui vend des produits faits sur mesure. Un rasoir pour femme n’a pas la même utilité qu’un rasoir pour homme et donc n’a pas la même forme, ce qui justifierait une différence de prix. Pierre-Louis Deprez, expert en marketing, affirme que ces pratiques « desservent le marketing et nuisent à l’image du métier ». 

L’enseigne française Monoprix, quant à elle, explique que les coûts de production des produits féminins sont plus élevés que ceux des produits masculins, ce qui justifierait une telle différence de prix. Cependant, l’enseigne n’a pas donné plus de précisions.

Le groupe belge Colruyt, quant à lui, affirme que ce n’est qu’une question d’offre et de demande. Par exemple, la demande de rasoirs féminins est moindre que celle des rasoirs masculins, donc l’offre est moins abondante, ce qui justifie un prix plus élevé.

En outre, d’après une agence de data journalisme, la réalité est bien trop complexe pour affirmer que cette taxe rose existe, encore plus pour la mesurer.

Enfin, en 2015, le ministère de l’économie en France lance une étude concernant trois familles de produits afin de déterminer si cette taxe existe réellement. La conclusion du rapport gouvernemental qui en découle est la suivante : la taxe rose n’existe pas, les hommes seraient victimes eux aussi de surtaxation sexiste dans certains cas.

Une politique révélatrice

Néanmoins, le collectif Georgette Sand refuse d’accepter ces conclusions. Les militant.e.s estiment que même si elle n’est pas systématique, la taxe rose existe. De plus, l’étude gouvernementale n’a pas inclus certains services concernés par ce marketing genré, comme les salons de coiffure ou les pressings.

Cette différence de prix a d’autant plus de conséquences dans une société où l’écart salariale entre les femmes et les hommes s’élève encore à 20%. Avec un salaire plus bas, le panier d’une femme, rempli des mêmes produits, sera plus cher que celui d’un homme.

En réalité, cette taxe est juste une preuve de plus du sexisme inhérent à notre société patriarcale. La beauté et l’hygiène sont des affaires de femmes, elles se doivent de consacrer un budget important à ces fins.

La fameuse taxe tampon

Impossible de parler de la taxe rose sans mentionner la taxe tampon. Heureusement, elle n’existe plus en Belgique. Pour rappel, il y a encore trois ans, les protections menstruelles étaient taxées à 21%, c’est-à-dire comme des produits dits « de luxe ». A l’inverse, la mousse à raser était et est toujours taxée à 6%, comme un produit dit « de première nécessité ».

Depuis 2018 en Belgique, la taxe sur les produits menstruels est passée de 21 à 6%. Bonne nouvelle pour les personnes menstruées. Cependant, il semblerait que certaines marques aient profité de cette diminution pour augmenter leur prix et donc leurs profits. Dès lors, les consommateur.rice.s n’ont pas ressenti de changements flagrants quant à leurs dépenses liées à leurs cycles menstruels. 

L’intérêt d’un marketing genré ?

Au-delà de cette taxe rose, il semble pertinent de se poser la question de l’intérêt du marketing genré. Pourquoi produire des packaging roses et bleus pour le même savon ? Pourquoi genrer les produits d’hygiène ou les jouets pour enfants ?

La réponse est malheureusement simple, premièrement, c’est une façon pour les entreprises d’augmenter encore leurs profits. De plus, c’est une façon pour la société de faire comprendre de façon implicite ce qu’elle attend des individus, selon leur genre. Que les petits garçons jouent avec des voitures et les petites filles avec des poupées, afin de s’enfermer dans les cases prévues pour nous, hommes et femmes, pour leur vie future.

Lutter contre le sexisme ordinaire, c’est lutter contre ce genre de pratiques plus ou moins visibles qui favorisent les hommes.

 

Manon L’Hoir

Références juridiques

  • Loi
Retour en haut