Afroféminisme

afroféminisme

NB : en tant que femme blanche et n’étant donc pas directement concernée par les discriminations que subissent les femmes noires, j’ai écrit cet article en me basant sur des articles et des interviews d’afroféministes tout en essayant de ne pas tenir un discours discriminant. N’hésitez pas à nous contacter si vous remarquez des propos problématiques.

Définition 

L’afroféminisme est un mouvement particulier aux femme noires nées en Europe. Il se concentre sur l’intersection entre le sexisme vécu en tant que femme et le racisme vécu en tant que noire. (Retrouvez notre article sur l’intersectionnalité ici.)

En effet, les femmes noires connaissent des situations spécifiques qui ont été et sont encore négligées par d’autres mouvements féministes essentiellement composées de femmes blanches.

Par exemple, les femmes noires sont souvent invisibilisées dans la sphère médiatique ou représentées de manière stéréotypée (par la délinquance ou l’exotisme). De plus, elles ne possèdent pas les critères de beauté établies par la société (blanche, cheveux lisses) ce qui peut créer de nombreux complexes et comportements dangereux (blanchissement de la peau).

Les femmes noires sont également souvent essentialisées en un groupe homogène alors que leurs parcours, leurs existences, leurs cultures, leurs religions sont variés et complexes.

Par ailleurs, certaines luttes féministes peuvent se faire à l’encontre de leurs intérêts. Comme l’explique Amandine Gay : 

Ce sont des enjeux que nous devons voir émerger dans le féminisme mainstream: qui garde les enfants des femmes blanches qui militent pour devenir cadres? C’est génial que les femmes aient de l’ambition, mais si leur progression repose sur l’externalisation de la domination masculine sur d’autres femmes pauvres et/ou racisées, et/ou des pays du Sud, ça nous pose problème. 

Comme tout mouvement, l’afroféminisme est multiple et il peut exister en son sein, différentes positions, revendications et enjeux. Il ne faut pas non plus le confondre avec les courants féministes des femmes noires d’Afrique ou penser qu’une femme noire est forcément afroféministe.

Histoire 

L’afroféminisme s’inspire du black feminism aux Etats-Unis apparu dans les années 1950. Une des grandes figures de ce mouvement est Angela Davis.

Cependant, comme l’explique le site Simonae, le black feminism a quelques différences avec l’afro féminisme.

Or, on peut déjà remonter dans les années 1920, quand les sœurs Paulette, Andrée et Jeanne Nardal, des féministes martiniquaises, tenaient un salon littéraire à Clamart dont l’objectif était de mettre en relation les diasporas noires. En 1945, Paulette Nardal fonde le Rassemblement féminin, afin de sensibiliser les femmes martiniquaises à la politique, et en 1948, elle crée une revue à destination des femmes, La Femme dans la Cité.

De plus, l’afroféminsme s’inscrit dans un contexte de lutte anti-coloniale et anti-raciste des années 1960. Des collectifs tels que la Coordination des femmes noires (1976) ou le Mouvement de défense de la femme noire (1982-1994) ont contribués à porter l’afroféminisme sur le devant de la scène. 

Aujourd’hui, l’afroféminisme est très présent sur Internet. Depuis quelques années, il existe un renouveau du mouvement grâce aux réseaux sociaux et aux blogs. Toutefois, le nombre d’associations reste peu nombreux.

Polémique autour du principe de non mixité

Les réunions non mixtes de certaines associations afroféministes sont très critiquées par les politiques ou le milieu associatif.

De nombreux opposants jugent que ces réunions sont un repli identitaire et vont à l’encontre de la lutte contre le racisme. C’est notamment ce que déclarait SOS Racisme et la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme face à l’organisation d’un camp d’été décolonial en 2016, réservé aux personnes racisées. 

Pour les afroféministes, pratiquant la non mixité, celle-ci est nécessaire. Elle permet d’être plus efficace. 

«Certains croient que c’est un mode de vie ! Alors que c’est un outil pour travailler dans le court terme à l’occasion d’ateliers. Cela permet de gagner du temps, de ne pas avoir à expliquer les micro-agressions ou les violences dont nous sommes victimes au quotidien et de ne pas avoir à donner la preuve constamment qu’elles sont bien dues à notre couleur de peau ou à notre sexe. On a mesuré que lorsque des hommes étaient dans un groupe, ils prenaient plus la parole. Ici, il s’agit de s’exprimer, de gagner en confiance. Ce n’est qu’à partir de là que nous pourrons nous ouvrir à d’autres.» Amandine Gay

 

Louise Delette

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