Sexisme médical entre patient.es et professionnel.les de la santé

Sexisme médical

Introduction

Le sexisme médical se définit comme une forme de discrimination sexuelle dans laquelle les femmes sont traitées de manière injuste ou inappropriée dans le domaine de la santé en raison de leur genre.

Cela peut inclure des attitudes stéréotypées, des préjugés, des jugements de valeur ou des comportements de la part des professionnel.le.s de santé, qui peuvent conduire à des pratiques de soins de santé inéquitables et à des résultats de santé moins favorables pour les femmes.

Infériorisation des femmes et de leurs symptômes

Une autre forme de sexisme médical est la discrimination des femmes dans le système de soins de santé. Les femmes sont sous-représentées dans les études médicales. En effet, leurs symptômes sont souvent minimisés. On ignore par ailleurs souvent leurs besoins en matière de santé. Cela peut être dû à des stéréotypes de genre qui associent la douleur à la faiblesse et à l’émotion.  Ainsi qu’à une tendance à favoriser les preuves basées sur les hommes dans les recherches sur la douleur.

En effet, plusieurs études ont montré que les femmes sont souvent diagnostiquées plus tardivement que les hommes pour des conditions médicales similaires. Par ailleurs, leurs symptômes sont souvent considérés comme psychosomatiques plutôt que comme des indications d’une condition médicale réelle. Tandis que les hommes sont considérés comme des cas plus graves lorsqu’ils se plaignent des mêmes douleurs.

Manque de connaissance du corps des femmes dans le domaine de la santé

En Belgique, la principale cause de mortalité chez les femmes sont les maladies cardiovasculaires. Les symptômes des femmes diffèrent de ceux des hommes. Ils sont donc plus difficilement identifiables. Effectivement, la plupart des études sont menées sur une population masculine. Par conséquent, il existe peu de données sur les femmes. Elles sont donc plus susceptibles de recevoir des traitements inappropriés ou inefficaces pour leurs conditions médicales. Les effets secondaires des traitements vont être 2 fois plus présents chez les femmes. Dans 90% des cas, ces effets sont plus graves que chez les hommes.

Les femmes seraient 27% moins susceptibles de bénéficier d’un massage cardiaque. D’une part, suite à la méconnaissance des symptômes des problèmes cardiovasculaires et d’autre part la réticence d’une personne à toucher la poitrine d’une femme même si celle-ci est en danger. La poitrine n’est pas prise en compte dans les cours de réanimation cardio-respiratoire. Les mannequins utilisés ont des torses masculins.

L’endométriose

Une autre maladie sous-diagnostiquée est l’endométriose. Il s’agit d’une maladie qui relève de la santé reproductive et sexuelle des femmes. Elle a longtemps été considérée comme un tabou car rappel aux règles. Ce n’est qu’en 2020 qu’elle a été incluse dans le 2e cycle de médecine. Cette maladie, ces douleurs, que ressentent les femmes ne sont généralement diagnostiquées qu’à la trentaine. Bien qu’elles s’en plaignent dès leur plus jeune âge, les médecins auront tendance à amoindrir leur douleur et la rendre psychologiques. Les recherches faites sur l’endométriose sont faibles. En outre, elles sont généralement en rapport direct avec le risque d’infertilité que les femmes atteintes d’endométriose ont. 

Cette maladie se caractérise par la croissance anormale des tissus de l’endomètre en dehors de l’utérus, provoquant des douleurs intenses, des saignements abondants et bien d’autres symptômes compliqués au quotidien.

Le sexisme et l’autisme

L’autisme est un trouble neuro-développemental qui affecte les fonctions sociales, comportementales et de communication. Les stéréotypes de genre peuvent affecter la manière dont l’autisme est diagnostiqué chez les femmes. Les stéréotypes selon lesquels les femmes sont naturellement plus empathiques, communicatives et sociales que les hommes peuvent empêcher les professionnel.les de la santé de reconnaître les symptômes de l’autisme chez les femmes. Les symptômes peuvent également être différents de ceux des hommes. Les femmes peuvent être moins susceptibles de présenter des comportements répétitifs, d’avoir des intérêts restreints et de manifester un manque d’empathie. À la place, elles peuvent être plus susceptibles de se concentrer sur les interactions sociales et de présenter des difficultés dans les relations interpersonnelles, ce qui peut être considéré comme un comportement dit « normal » pour une femme.

En raison de ces différences de symptômes et de stéréotypes de genre, les femmes atteintes d’autisme sont souvent mal diagnostiquées ou pas du tout diagnostiquées. Cela peut avoir des conséquences graves pour leur vie quotidienne. Car les personnes atteintes d’autisme peuvent avoir besoin de soutien pour développer leurs compétences sociales, leur communication et leur indépendance.

Le paternalisme

Le paternalisme est un comportement qui est fondé sur l’idée que les médecins et les professionnel.les de la santé ont une autorité supérieure en matière de soins médicaux et que les patientes n’ont pas leur mot à dire dans le processus de soins. Cela peut inclure des décisions médicales prises sans le consentement ou l’avis de la patiente, une communication limitée avec la patiente et une attitude autoritaire envers la patiente.

Lors des accouchements, le paternalisme peut prendre de nombreuses formes, allant de la pression pour une césarienne non nécessaire à la restriction de la liberté de mouvement de la patiente. Dans certains cas, le paternalisme peut même conduire à des violences obstétricales, telles que des épisiotomies non nécessaires, des césariennes forcées ou des refus de soulagement de la douleur.

Les femmes ont le droit de prendre des décisions informées et éclairées en ce qui concerne leur propre santé et celle de leur enfant. Le paternalisme lors des accouchements va à l’encontre de ce droit fondamental en limitant la capacité des femmes.

Elles ont le droit de s’exprimer sur leurs préférences en matière de soins, de bénéficier d’une communication claire et d’une information complète sur les risques et les avantages de toutes les options de soins. Les professionnel.les de la santé doivent respecter leurs choix et travailler en collaboration avec elles pour trouver des solutions de soins adaptées à leurs besoins.

L’épisiotomie

L’épisiotomie est une incision pratiquée dans le bas du vagin afin d’élargir son ouverture pour « faciliter » le passage du bébé lors de l’accouchement. Les femmes qui ont subi une épisiotomie peuvent éprouver des douleurs et une gêne importantes pendant la période de guérison, ainsi qu’un risque accru d’infection ou de saignement excessif. De plus, il a été démontré que l’épisiotomie n’améliore pas les résultats pour le bébé.

De nos jours, l’épisiotomie est pratiquée de manière excessive et ce, parfois sans prendre en compte l’avis des patientes. Les femmes qui souhaitent éviter une épisiotomie peuvent discuter de cette option avec les professionnel.les qui les entourent et envisager d’autres moyens de faciliter l’accouchement, tels que des positions différentes ou des techniques de respiration.

Il est réellement important de noter que l’épisiotomie n’est pas une pratique médicale obligatoire.

Le point du mari

L’idée même d’un « point du mari » est problématique, car elle implique que le mari ou le partenaire ait une autorité ou un pouvoir sur le corps de sa femme. Le corps de la femme lui appartient, et toute décision concernant son corps doit être prise par elle-même.

C’est une pratique obsolète et non scientifique, qui peut causer des douleurs inutiles et des complications pour la femme. Plusieurs femmes se trouvent alors traumatisées par ces pratiques plus que douteuses émanant du corps médical.

Il est essentiel que le corps médical respecte les droits et la dignité des femmes pendant l’accouchement. Cela inclut le respect de leurs choix, la communication claire et honnête et le traitement sans douleur et sans complication. Les femmes ont le droit de décider ce qui est le mieux pour leur corps et leur santé.

Syndrome méditerranéen

Le syndrome méditerranéen, également connu sous le nom de fièvre méditerranéenne familiale, est une maladie génétique rare qui touche principalement les populations du bassin méditerranéen, du Moyen-Orient et d’Asie centrale.

Lors d’un accouchement, les femmes atteintes du syndrome méditerranéen peuvent présenter des complications telles que des épisodes de fièvre, des douleurs abdominales et des éruptions cutanées. Ces symptômes peuvent être confondus avec ceux de la pré-éclampsie ou de l’infection post-partum, ce qui peut entraîner un diagnostic erroné et un traitement inadéquat.

Cependant, malgré la prévalence élevée de la maladie chez les populations d’origine méditerranéenne, il y a une sous-information sur le syndrome méditerranéen dans le corps médical européen. Les médecins européens peuvent ne pas être suffisamment conscients de la maladie et de ses symptômes, ce qui peut entraîner un diagnostic tardif ou incorrect. Cela peut avoir des conséquences graves pour les patients, car le syndrome méditerranéen est une maladie chronique qui nécessite un suivi médical régulier et un traitement approprié.

Chez les femmes enceintes atteintes du syndrome méditerranéen,  cela entraîne donc des complications non diagnostiquées et non traitées pendant la grossesse et l’accouchement.

Base légale

– La loi belge du 22 mai 2014 sur le sexisme vise à lutter contre la discrimination sexuelle et le harcèlement sexuel dans les lieux publics en Belgique. Cette loi interdit tout comportement sexiste, y compris les commentaires et les gestes dégradants, ainsi que les actes de harcèlement sexuel, dans les lieux publics.

Elle prévoit également des sanctions pénales pour les personnes qui commettent des actes de sexisme, y compris des peines d’emprisonnement et des amendes. Les victimes peuvent également intenter une action en justice pour obtenir réparation pour les dommages subis.

Le but de la loi est de sensibiliser les gens à l’importance de respecter les droits fondamentaux des autres et de promouvoir un environnement public sûr et respectueux pour tous. Elle vise également à briser les stéréotypes de genre et à encourager l’égalité des sexes dans la société belge.

– La loi du 22 août 2002 relative aux droits des patients définit les droits des patients en matière de soins de santé, d’accès aux informations et de protection de la vie privée.

Les patients ont droit à des soins de qualité, adaptés à leurs besoins et respectant leur dignité. Ils ont également le droit à une information claire et complète sur leur état de santé et les soins qui leur sont prodigués, ainsi qu’à être consultés sur les décisions qui les concernent. La loi garantit également le respect de la vie privée des patients, en protégeant les informations médicales confidentielles et en interdisant la divulgation de ces informations à des tiers sans le consentement explicite du patient.

La loi prévoit également le droit des patients à être informés sur les coûts des soins et les moyens de les payer, ainsi que sur leurs droits en matière de réclamation et de recours en cas de litige.

Maeva Tshitoko

Références juridiques

– loi belge du 22 mai 2014 sur le sexisme vise à lutter contre la discrimination sexuelle et le harcèlement sexuel dans les lieux publics

loi du 22 août 2002 relative aux droits des patients

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