Les femmes dans le monde du travail

Femmes au travail

Introduction

Femmes et travail sont deux notions qui peuvent sembler contradictoires. Pourtant, les femmes ont une place très importante dans la société. Et cela ne date pas d’hier. Pendant de nombreuses années, la femme a été considérée comme une mère et une ménagère dans notre société occidentale. Lors des deux guerres mondiales, elles ont pu montrer au monde qu’elles étaient capables de travailler. Néanmoins, une fois les hommes revenus du front, elles ont dû reprendre la place qu’elles occupent « par nature » : être à la maison.

Chiffres

Depuis, les choses ont partiellement changé. Les femmes peuvent aller travailler où elles le souhaitent. Du moins théoriquement.

Si elles le veulent, elles peuvent être à la tête d’entreprises multinationales, être cheffe de chantier, être présidente, etc.

Cependant, ce n’est plus un secret pour personne, les femmes ne vivent pas la même réalité professionnelle que les hommes. Leur salaire est en moyenne 5,8% moins élevé que celui d’un homme à poste égal[1]. C’est comme si le 3 novembre 2021 à 9h22, les femmes travaillaient sans salaire, alors que les hommes continuaient à être payés[2].

Live Twitch sur le sujet : où le trouver ?

Ces inégalités nous révoltent évidemment. Elles nous ont donné envie de faire un Live Twitch sur le sujet. Le 15 novembre, Cindy Decroës et Miriam Ben Jattou ont amené leur expertise pour décortiquer la place de la femme dans le monde du travail. Si vous souhaitez revoir le live, n’hésitez pas à vous rendre sur notre chaine Youtube, ou sur Twitch. Cet article reprend les grandes idées du live, tout en y ajoutant quelques détails.

Entretien d’embauche et question de maternité

Pour commencer, il serait intéressant de rappeler que lors d’un entretien d’embauche, un employeur n’a pas le droit de demander si vous avez des enfants, si vous êtes enceinte, si vous comptez avoir des enfants. Vous avez donc, d’un point de vue légal, le droit de mentir.

Par la suite, au vu de la jurisprudence, vous ne serez pas sanctionnée. En effet, initialement, l’employeur n’avait pas le droit de poser cette question.

Qu’en est-il dans les faits ?

Cindy Decroës voulait souligner qu’en réalité, un employeur peut poser la question de la flexibilité horaire, qui est donc liée de près ou de loin à la présence d’enfants. L’employeur veut savoir si ses employé-e-s sont assez disponibles pour les postes pourvus.

Vous pouvez vous demander si vous devez dire que vous êtes enceinte ou non. La question se pose de façon humaine. Le choix vous appartient. Certaines personnes l’ont dit et ont été engagées. D’autres pas.

Une autre option serait de garder toutes vos chances et l’annoncer une fois engagée pour éviter tout biais de la part de votre interlocuteur.

PME vs grande entreprise 

Il faut également faire la différence entre l’employeur d’une grande entreprise qui emploie énormément de monde et qui vous trouvera un remplaçant à court terme et une PME qui ne peut pas se passer de vous.

Idéalement il serait préférable de trouver un juste milieu entre les deux, pour ne pas mettre la société dans laquelle vous travaillez en péril, tout en pensant à vous.

Bien sûr, il y a une différence entre le monde théorique et la réalité.

En fonction de l’employeur, on ne peut pas mettre tout le monde dans le même panier. Certains réagiront de manière plus juste que d’autres à l’annonce d’une grossesse. La question est surtout structurelle : ce n’est pas à la femme enceinte de régler les problèmes structurels liés à la maternité et de porter ce poids sur ses épaules.

Problème structurel

Même en relation de confiance, on fait souvent reposer le problème de la maternité au travail sur les épaules de la femme, alors que le problème est davantage structurel. Surtout sachant qu’on ne peut pas prendre de congé parental avant un an de travail dans une entreprise : c’est donc obliger la personne à prendre ses congés légaux voire des congés sans soldes. C’est une manière indirecte de pénaliser la femme qui tomberait très tôt enceinte.

Une solution serait d’allonger le congé de maternité, ce qui permettrait à l’employeur d’investir dans le remplacement de la personne. Si on forme quelqu’un pour 6 mois – un an, cela facilite la vie de l’employeur de remplacer quelqu’un, avec un-e nouvel-le employé-e qui fait du bon travail. Souvent, avec les imprévus de la vie, les congés de maternité peuvent être rallongés du délai initial.

Congé de co-parentalité ou de naissance

Avec un congé de co-parentalité, le poids posé sur les épaules de la femme serait probablement moins lourd. Ce congé permet à la mère de se reposer et de prendre soin d’elle tout en prenant soin du bébé.

La santé physique et mentale des mères est souvent négligée dans notre société. Avoir un ou une partenaire présente à ses côtés permettrait de diminuer le nombre de dépressions post-partum.

Accoucher et s’occuper d’un nouveau-né n’est pas quelque chose d’anodin. Il faut laisser le temps au corps de se reposer.

Dans le monde du travail, on voit une grande différence entre un homme qui annonce une naissance et une femme qui annonce être enceinte.

En effet, l’égalité salariale est relativement assurée, jusqu’à l’arrivée du premier enfant. Alors que les hommes se voient offrir des promotions, les femmes voient leur salaire baisser.

Le statut d’homme au travail est renforcé, alors que pour les femmes, c’est un poids.

Or, la naissance d’un enfant chez une femme rajoute des compétences en plus. Elle ne mérite vraiment pas cette stagnation de carrière.

Evolution du congé de paternité

Le congé de paternité s’appelle désormais congé de naissance. Il doit se prendre dans les 3 à 4 mois après la naissance de l’enfant.

Les dix jours auxquels les pères avaient droit avant le 1er janvier 2021 vont passer à 15 jours jusqu’en janvier 2023 puis à 20 jours après le 1er janvier 2023.

Congé parental

L’entreprise peut post-poser ce congé pendant six mois, pas le refuser. Souvent, les hommes ne peuvent pas déposer leurs congés à l’avance. Ceci oblige certaines femmes à allonger leur congé de maternité. Elles doivent donc assumer leur retour tardif et la façon dont elles sont perçues à leur retour.

Temps passé au travail : synonyme d’efficacité ?

Aujourd’hui, on reste fort bloqués sur la notion de temps. Or, le temps de travail n’est pas lié à l’efficacité de la personne.

La notion d’objectif est plus intéressante que la notion de temps. Une personne n’est pas l’autre. Et tout organiser autour du temps, de l’horaire fixe, crée un problème.

Le manque d’outillage des patrons et managers peut créer de la peur de ne pas arriver aux objectifs voulus : « on a toujours fait comme ça », « un temps plein c’est un temps plein, il faut le respecter ».

Une étude démontrait pourtant qu’une personne qui fait un 25h/semaine fait autant de travail qu’une qui fait 40h/semaine. Ceci semble logique car les personnes qui font un temps plein travaillent en surrégime et s’économisent inconsciemment.

L’idée a été testée dans différents pays à travers le monde et porte déjà ses fruits[3]. Chez nous, Bruxelles ville a proposé à ses travailleurs de plus de 60 ans de répartir un 4/5e sur leur semaine pour voir leur efficacité en comparaison à un temps plein traditionnel.

Le problème du télétravail

Trouver les limites entre sphère professionnelle et sphère privée

Le télétravail a diminué les relations interpersonnelles entre les travailleurs. Désormais, ils ne peuvent plus s’unir face à la hiérarchie. Sans oublier l’importance des contacts sociaux.

De plus, il y a l’accumulation de la charge mentale dans son lieu de vie.

Chacun-e est différent, donc il est difficile de faire des généralités. Mais certain-e-s n’arrivent pas à trouver un juste milieu entre leur vie privée et leur vie professionnelle : il n’y a aucun cadre entre les deux. Il faut pouvoir gérer tout à la fois.

Ne pas travailler du tout ?

Est-ce que c’est féministe de ne pas travailler ? Ou vaut-il mieux travailler à tout prix pour montrer l’exemple à sa famille ? La réponse est personnelle.

Lorsqu’on est femme au foyer, on vous demande que votre maison soit bien rangée, sinon il y a jugement.

Souvent, depuis le télétravail, il faut aussi que la maison soit rangée.

Notons également que faire le ménage chez soi, s’occuper de ses enfants, c’est supposé être naturel, normal. C’est du moins attendu. Cependant, quand on est chez les autres pour nettoyer ou s’occuper des enfants, c’est quelque chose qui mérite salaire.

Temps passé à ne pas travailler alors qu’on est en télétravail : différence entre les hommes et les femmes

Mais que fait-on des heures gagnées du temps de trajet qu’on ne fait pas pour aller au travail ?

Souvent, ce n’est pas pour mieux gérer sa vie personnelle. C’est pour garder les enfants, faire des lessives, pendre le linge, aller conduire et chercher ses enfants à leurs différentes activités s’ils en ont, etc. Néanmoins, c’est peu probable que les entreprises acceptent tous ces « débordements ».  

Chez les hommes, il y a plus souvent une transparence face à leur travail et à leurs absences. Ils n’essaient pas de se justifier, alors que les femmes oui.

Une piste serait de se dire qu’une femme est supposée savoir faire face à un enfant, le gérer parfaitement, être une bonne mère, alors qu’un père qui s’occupe bien de son enfant c’est exceptionnel. Il est alors considéré comme un héros, et va être félicité pour l’exploit qu’il fait de gérer sa vie professionnelle tout en s’occupant de ses enfants.

Plafond de verre

La notion de plafond de verre est une image pour dire que les femmes auront énormément de mal à atteindre le plus haut niveau hiérarchique d’une entreprise.

Ce principe est prouvé par le fait que peu de femmes sont cheffes d’entreprise, ou dans le comité décisionnel d’entreprises.

Ce problème existe à la fois dans le secteur privé et publique. C’est le cas dans les ONG et associations également, alors qu’elles sont plus souvent composées de femmes.

La cause principale de ce plafond de verre est la culture d’entreprise, dégoulinante de sexisme[4].

Certains pourraient dire que les femmes sont moins instruites que les hommes, et qu’elles atteignent par conséquent des postes moins élevés[5]. Néanmoins, cet argument ne tient pas la route parce que parmi les jeunes générations, les femmes ont un niveau d’instruction plus élevé que les hommes. En effet, 55,5% des femmes âgées entre 30 et 34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 40,2% des hommes[6].

Selon l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes, briser le plafond de verre permettrait à l’entreprise de mieux performer[7].

Plancher gluant

Dans le même ordre d’idée que le plafond de verre, il existe la notion de plancher gluant, qui pénalise également les femmes. Cette image parle d’elle-même : les femmes sont bloquées à la même position au niveau hiérarchique.

Elles restent donc à leur niveau initial. Elles se voient offrir très peu d’opportunités pour monter les échelons de l’entreprise. Ainsi, déjà à l’étape d’entretien d’embauche, les femmes sont pénalisées et laissées de côté parce que le poste offrira une promotion fonctionnelle[8].

Comment faire pour briser le plafond de verre, se décoller du plancher gluant ?

Bien que cet article n’est pas des plus positifs, nous considérons que chaque femme a évidemment sa place dans le monde du travail.

Selon nous, avoir des femmes dans les niveaux hiérarchiques supérieurs pourrait justement faire évoluer la culture de l’entreprise. C’est d’ailleurs probablement pour cela qu’elles n’accèdent pas aux postes plus élevés.

Néanmoins, ce n’est pas à vous en tant qu’individu de faire changer tout le système. C’est impossible.

Vous n’avez pourtant pas à en subir les conséquences. C’est pour cela que nous avons décidé de vous proposer quelques pistes pour lutter contre le syndrome du plafond de verre. Ces pistes sont proposées par Florence Sandis dans son livre « Brisez le plafond de verre : 12 clés pour réussir au féminin »[9].

Quelques pistes

Identifier les stéréotypes de genre

Une première idée serait d’identifier les stéréotypes que vous pouvez avoir acquis sur la femme au travail.

Vous êtes capable de réussir, d’avancer, d’être écoutée, comprise. Se libérer de ces préjugés vous permettra de vous lancer dans le monde de l’entreprise.

C’est important d’oser, de prendre la parole en réunion, de vous mettre en valeur, de négocier un plus gros salaire qui serait en phase avec vos compétences.

Être unique

Une deuxième option serait de montrer que vous êtes unique. Parce que oui, vous l’êtes.

Demandez-vous quelles sont vos qualités ? Vos talents ? Qu’est-ce qui fait de vous la meilleure candidate pour un poste ?

Une fois que vous avez ces réponses, il faut le faire savoir à votre entourage professionnel.

Oser dire non

La plupart des femmes ont tendance à accepter tout ce qu’on leur demande ou presque, et à s’excuser sans arrêt (et souvent sans raison). Nous sommes conditionnées à nous faire petites. Pourtant, vous pouvez dire non à une demande qui ne correspond pas à vos valeurs, qui vont dans le sens des stéréotypes que vous aviez acquis mais déconstruits.

Souvent, dire non c’est montrer une forme d’assertivité. C’est d’ailleurs de cette façon que beaucoup d’hommes arrivent à accéder à un niveau de pouvoir élevé. Pourquoi pas vous ?

Agir

Une autre idée qui peut paraître évidente pour certaines est d’agir. Malheureusement, en tant que femme, il y a peu de chance que les opportunités arrivent sur un plateau. C’est donc à vous de saisir votre chance quand vous voyez qu’il y en a une.

Même si c’est important d’avancer à son rythme pour être formée et ne pas se bruler les ailes, osez.

Soyez vous-même

Enfin, il nous semble important de vous dire que vous ne devez pas faire comme les hommes pour briser le plafond de verre. Les imiter n’arrangera rien.

Montrez justement qu’avec votre féminité, vous avez énormément de choses à apporter. On nous demande d’être parfaites en tant que femmes. Et c’est pour cette raison également que nous n’avançons pas.

Les femmes sont plus dans la perfection de l’action alors que les hommes sont dans l’action générale. N’hésitez pas à faire pareil.

Conclusion

Le monde du travail n’est pas toujours évident à appréhender en tant que femmes. Surtout lorsqu’on connait certaines statistiques alarmantes. Cela peut être décourageant. Mais vous êtes tout-à-fait capables de relever bon nombre de défis. Et trouver le job de vos rêves en fait partie.

N’hésitez pas à suivre les quelques conseils cités ci-dessus pour avancer dans votre carrière, si c’est d’une carrière dont vous avez envie.

Nous rappelons qu’être à un poste considéré comme plus bas dans la hiérarchie d’une entreprise est tout-à-fait bien aussi. Choisir de ne pas travailler est tout aussi acceptable. Le plus important est d’être heureuse et épanouie dans votre vie.

Courage à toutes, vous pouvez le faire !

Marie Darcis


Notes

[1] https://statbel.fgov.be/fr/themes/emploi-formation/salaires-et-cout-de-la-main-doeuvre/ecart-salarial

[2] https://www.femmesdaujourdhui.be/actu/les-femmes-travaillent-gratuitement-depuis-le-4-novembre/

[3] https://www.welcometothejungle.com/fr/articles/travailler-4-jours-par-semaine

[4] https://igvm-iefh.belgium.be/fr/activites/emploi/plafond_de_verre

[5] https://www.rtbf.be/info/societe/detail_loi-quota-voici-la-liste-des-entreprises-ne-respectant-pas-l-egalite-hommes-femmes-au-conseil-d-administration?id=10082517

[6] https://statbel.fgov.be/fr/themes/emploi-formation/formation-et-enseignement/niveau-dinstruction

[7] https://igvm-iefh.belgium.be/fr/activites/emploi/plafond_de_verre

[8] Do employer preferences contribute to sticky floors, Stijn Baert, Ann-Sophie de Pauw et Nick Deschacht

[9]  Brisez le plafond de verre : 12 clés pour réussir au féminin , Florence Sandis, Michel Lafon Poche. 2020

Références juridiques

  • Loi

Ressources

  • – Live Twitch du 15 novembre 2021
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