Oppression systémique

Concept d'oppression systémique

"Quoi"

L’oppression systémique vise les inégalités et discriminations produites et reproduites par le système. Et ce, par le biais des stéréotypes et des préjugés. Le caractère systémique signifie qu’il ne s’agit pas d’actes isolés et individuels mais des comportements répétés et structurels. En fait, c’est l’organisation tout entière de la société qui reproduit les inégalités.

Ensuite, l’oppression systémique prend notamment la forme de la discrimination indirecte. D’ailleurs, c’est via cette notion que le problème est généralement désigné et traité. En bref, cette forme de discrimination signifie que le comportement, la règle, la pratique ou la politique adoptées semblent neutres. En d’autres termes, elles ne prévoient pas explicitement de discriminations. Cependant, elles ont, en fait, pour conséquences de désavantager certaines personnes ou groupes de personnes. Tandis que d’autres en profitent. 

"Qui et où"

Ce phénomène structurel touche les groupes d’individus présentant un motif de discrimination. Et ce motif se base généralement sur des caractéristiques personnelles. Du coup, une partie de la population partageant une caractéristique commune est considérée comme supérieure :  les dominants. Ces derniers vont, de manière consciente ou pas, adopter des comportements et des règles dont ils tireront profit. Evidemment, cela se fait au détriment de la partie dominée de la population, qui ne présentent pas cette caractéristique (les minorités).

A titre d’exemple, il s’agit des personnes racisées ou handicapées. En outre, des causes d’oppression sont liées également à la religion et l’âge.  De même que l’orientation sexuelle ou le genre. Donc les femmes, notamment, subissent des oppressions des hommes. Et cette oppression est plus communément dénommé « sexisme ». C’est-à-dire que le fonctionnement de la société favorise les hommes. Ces privilèges s’opèrent au détriment des femmes qui, elles, sont désavantagées. Ainsi, c’est le cas, par exemple, lorsqu’une femme est moins bien payée pour un emploi exactement similaire à celui d’un homme.

Enfin, l’oppression systémique sévit dans tous les secteurs. Par exemple, l’accès au logement, l’emploi, la santé, la justice, l’enseignement, les médias, etc.

Reconnaissance et droit

Tout d’abord, le concept d’oppression systémique n’apparait pas, en tant que tel, dans le domaine juridique belge. Alors, la problématique est traitée via la discrimination. Cependant, cela vise le phénomène individuel. En effet, il n’est pas reconnu dans son caractère institutionnel et structurel. Et cela pose problème, au vu de l’impact de ces comportements sur un groupe d’individus. De plus, les lois anti-discrimination actuelles sont parfois utilisées pour soutenir des personnes, habituellement dominant, qui sont ponctuellement touchées par un acte isolé de discrimination.

 

Ensuite, au niveau européen, une convention prend en compte le caractère systémique des oppressions dont sont victimes les femmes. Il s’agit de la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (« Convention d’Istanbul »). Elle est applicable en Belgique depuis 2016. Malgré cela, les discriminations et violences sexistes ne sont toujours pas traitées en considérant leur ancrage dans l’organisation inégalitaire de la société. En effet, le rapport d’évaluation de la mise en œuvre de la convention concernant la Belgique pointe explicitement ce problème du doigt.

 

Pour finir, notons que le Canada tend, de plus en plus, à reconnaitre le caractère systémique de certaines discriminations et à lutter contre cela.  

Organisme de lutte

En Belgique, il existe deux organisations connues pour lutter, notamment, contre les discriminations et pour l’égalité des chances.

Premièrement, il s’agit de « UNIA ». Ce service public indépendant lutte activement contre toutes les formes de discriminations. L’une de leur action consiste à recevoir les signalements de personnes victimes et à les aider. Par ailleurs, UNIA mène des campagnes de sensibilisation et établit des recommandations à destination des autorités.

Deuxièmement, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes traite, notamment, des discriminations fondées sur le sexe. Cette institution publique fédérale reçoit également les plaintes des victimes et répond aux demandes d’informations. En outre, l’Institut est actif dans la recherche en matière de genre. Il est, également, habilité à formuler des recommandations destinées aux autorités.

 

Ysaline Matthis

Références juridiques

  • Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (« Convention d’Istanbul »)

Pour aller plus loin

X
Retour en haut