Culture du viol

Violences sexuelles

Définition

La culture du viol, c’est un concept sociologique qui définit l’ensemble des comportements et des attitudes partagés au sein d’une société donnée qui minimisent, normalisent voire encouragent le viol. Le concept vient de l’expression anglaise rape culture, introduite par les féministes américaines dans les années 1970.

Il est important de savoir certaines choses concernant la culture du viol. Déjà, c’est un concept profondément intégré par la société. En effet, on peut entretenir la culture du viol sans être un violeur soi-même. De même, le fait que la culture du viol existe dans un pays donné ne veut pas forcément dire que la législation du pays ne reconnaît pas et ne punit pas le viol.  

Les mythes autour de la culture du viol

Il est important de comprendre que la culture du viol repose sur de nombreux mythes. Ainsi, on pense souvent que la victime exagère sur les faits, voire qu’elle ment. Par ailleurs, on pense souvent que la victime a consenti ou encore qu’elle a eu un comportement à risques. Concernant le violeur, dans l’imaginaire collectif, c’est toujours un inconnu, qui agit de manière isolée, un psychopathe qui attaque la nuit dans des ruelles sombres. De plus, certains s’entêtent à penser que le viol n’est qu’une “pulsion” émanant d’un homme. Par déduction, puisque “par nature les hommes ont des besoins”, le viol est inévitable puisque c’est “la nature”. La responsabilité repose sur les victimes car elles ont adopté un comportement “à risques”. Autrement dit, elles ont eu le malheur de porter une jupe ou de boire un verre de margarita frozen de trop. On pense aussi que seules les femmes sont violées.

Ce qui est grave vis-à-vis de ces idées fausses, c’est que l’on voit apparaître une double-victimisation. Déjà, la prise en charge de la victime par le personnel de police, le système judiciaire et médical n’est pas adéquate. Par exemple, le personnel de police demandera à la victime comment elle était habillée lors de l’agression qu’elle a subie. Par ailleurs, elle est jugée négativement par son entourage. La victime peut se prendre des remarques telles que “vous étiez tous les deux bourrés, n’en faites pas des tonnes”, quand elle a subi un viol alors qu’elle était inconsciente.

La culture du viol en chiffres

Face au manque de statistiques émisent par les institutions belges, Amnesty International Belgique francophone et SOS Viol ont publié un sondage portant sur les violences sexuelles, réalisé par l’institut Dedicated en octobre 2019. L’étude a été réalisée sur 2300 personnes en Belgique. Ces chiffres, tout à fait choquants, révèlent un ancrage profond de la culture du viol dans notre société.

Ainsi, 38% des hommes sondés et 43% des femmes sondées pensent que la sexualité des hommes est en général plus pulsionnelle et incontrôlable.

Par ailleurs, 39% des hommes et 25% des femmes pensent que les femmes accusent souvent à tort.

De même, 48% des hommes et 37% des femmes estiment qu’une victime peut être en partie responsable de son agression. Dans les circonstances atténuantes, 16% des personnes interrogées pointent les vêtements “sexy” de la victime et 14% estiment qu’un comportement provocant est une circonstance atténuante.

La culture du viol est partout

De ton cerveau jusqu’aux publicités, des situations les plus futiles aux situations les plus graves, la culture du viol est partout. Il arrive même qu’on enseigne aux femmes la technique pour ne pas être violée. De même, qui n’a jamais dit à sa meilleure copine qui rentrait toute seule la nuit, “Fais attention à toi”. La culture du viol est intégrée. Autant par les potentiels auteurs que par les potentielles victimes.

D’ailleurs, c’est la publicité qui est l’un des plus beaux exemples de la culture du viol. On y voit des images profondément sexistes qui banalisent le mythe de la “femme-objet”. De fait, l’idée derrière ces images, c’est que la femme est un objet sexuel toujours disponible aux commentaires, aux attouchements et aux agressions. C’est l’idée que les femmes sont là pour servir le désir et qu’on peut donc se passer de leur consentement. Partant de cette idée, Philippe Bernard, chercheur, a mené des recherches à l’Université libre de Bruxelles en collaboration avec des neurophysiologistes. D’après cette étude, le fait d’érotiser un corps crée dans notre cerveau une vision fragmentée de ce corps. Ainsi, ce corps n’est plus perçu comme une personne avec une identité mais davantage comme un objet.

D’autant plus grave, la culture du viol est aussi présente dans les tribunaux. En 2018, un irlandais est accusé de viol. Il est acquitté car sa victime portait un string. De la même façon, la Cour suprême de cassation italienne a libéré deux auteurs de viol, estimant que la victime était trop ivre. Enfin, il y a quelques mois en Italie, une femme a été jugée trop laide pour être violée.

Lutter contre la culture du viol

Lutter contre la culture du viol, c’est important. En effet, cela permet de mettre fin à l’impunité. Cela permet aussi d’empêcher que le blâme retombe sur les victimes. De fait, le traitement des victimes est tout sauf acceptable. Le viol est le seul crime où l’on va remettre en cause la personne agressée et non l’agresseur.  

Ainsi, pour lutter contre la culture du viol, l’ONU Femmes nous donne quelques conseils. Tout d’abord, le consentement doit être le maître-mot. A tout moment, c’est important. Que ce soit en couple ou célibataire, en soirée ou dans un lit, alcoolisé ou non, avant un acte sexuel ou pendant, le consentement peut être révoqué à tout moment. De plus, il faut écouter les victimes. Elles seules savent ce qui leur est arrivé. Tu n’as pas le droit de minimiser leur situation. Ce n’est pas ton rôle. De la même façon, il ne faut pas se moquer du viol. Ce n’est pas drôle. Ce n’est pas une situation humoristique. C’est un viol. Enfin, en tant que spectateur ou acteur de la culture du viol, tu peux chercher à mieux comprendre la culture du viol et ses origines afin de la déconstruire et d’avoir une tolérance zéro.

Juliette Lebatteur

Références juridiques

  • Art. 375 du Code pénal :

  • « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas, constitue le crime de viol.

    Il n’y a pas consentement notamment lorsque l’acte a été imposé par violence, contrainte, menace, surprise ou ruse, ou a été rendu possible en raison d’une infirmité ou d’une déficience physique ou mentale de la victime. »

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