Ecoféminisme

écoféminisme

Définition

L’écoféminisme est un mouvement féministe de lutte contre une double domination, celle contre les femmes et celle contre la nature.

Cette notion est apparue pour la première fois en France dans les années 1970. La féministe Françoise d’Eaubonne l’utilise pour son mouvement nommé Ecologie-feminisme. Toutefois, ce sont les mouvements militants qui ont développé l’écoféminisme, notamment dans les années 1980 aux Etats-Unis dans un contexte de Guerre froide et de peur d’une guerre nucléaire.

Aujourd’hui, ce concept fait de plus en plus d’adeptes face aux revendications de justice climatique et sociale et de luttes féministes. On le voit par exemple dans les marches pour le climat avec de nombreuses pancartes mêlant défenses de la nature et défense des femmes.

Pourquoi ?

Les écoféministes remettent en cause le fonctionnement du monde actuel, capitaliste et patriarcal, destructeur pour la nature et pour les femmes. Selon elles, le monde moderne a été construit sur des dualismes et des hiérarchies. Par exemple, la culture serait supérieure à la nature, l’esprit supérieur au corps et le masculin supérieur au féminin.

Avec cette vision moderne, la nature est désormais une chose inerte et manipulable qui peut être détruite. Elle est également considérée comme quelque chose de féminin, donc inférieur.

Parrallèlement à cette dévalorisation de la nature, l’autrice Silvia Federici a démontré qu’avec le développement du capitalisme, les femmes ont été de plus en plus cantonnées au tâches domestiques et à l’éducation des enfants. Pour justifier cette nouvelle division sexuelle, on a utilisé des arguments essentialistes : les femmes donnent la vie, elles sont donc plus proches de la nature et doivent prendre soin de ces nouvelles vies en restant à la maison.

« L’articulation de la destruction de la nature et de l’oppression des femmes ressemble à un ruban de Möbius : les femmes sont inférieures parce qu’elles font partie de la nature, et on peut maltraiter la nature parce qu’elle est féminine. » Emilie Hache

Les femmes, comme la nature, sont utilisées comme des ressources gratuites pour faire fonctionner le système capitaliste.

Le Reclaim

Les écoféministes critiquent cette vision de la nature et de la féminité et souhaitent se réappoprier ces concepts. C’est ce qu’on appelle le reclaim.

Par exemple, une des pratiques les plus courantes dans l’écoféminisme est la permaculture. Elle sort de l’opposition entre la nature et la culture. Elle réhabilite aussi la nature comme étant sacrée et intelligente.

Pour la féminité, il s’agit d’une revalorisation des corps, des compétences émotionnelles des femmes, de la confiance en soi, de tous les attributs qui ont été socialement dévalorisées dans nos sociétés.

Critiques

L’écoféminisme est souvent critiqué pour avoir une vision trop essentialiste. Comme l’explique la philosophe Charlotte Luyckx, cela va à l’encontre des idées de féministes de la première vague. Pour elles, il faut sortir d’une vision de la femme déterminée par sa nature et vouée à la maternité pour en faire un être de culture et de choix.

Cependant, Luyckx voit l’écoféminisme comme une synthèse.

« Il s’agit de renouer avec ce qui s’est perdu, sans brader ni la liberté d’autodétermination des femmes, ni les potentiels énormes qui lui sont donnés, par l’expérience de la maternité, mais également par des modes de pensées plus holistiques et synthétiques, et une propension au care, fondamentale dans la recherche de solution à la crise écologique ». Charlotte Luyckx

De même, Delphine Batho dans son Manifeste pour l’écologie intégrale explique « Que les femmes aient davantage soit une conscience soit une pratique empirique de cette relation à la nature, ce n’est pas une question de génétique : c’est que c’est le rôle qui leur avait été assigné par un système de domination. Aujourd’hui, cette place-là est une force »

Un écoféminisme varié et spirtituel

L’écoféminisme est, comme tout mouvement féministe, très varié dans ses idées et également dans sa production: des textes académiques, de la poésie, de la philosophie, de la fiction… Emilie Hache parle de l’importance du récit dans l’écoféminisme.  Cela explique, d’après elle, l’incompréhension et le mépris pour ce mouvement en France.

Une particularité de l’écoféminisme est le retour à des formes de rituel et de spiritualité. Certaines écoféministes rejettent les religions monothéistes vues comme patriarcales pour se réapproprier des cultures païennes réprimées à l’époque moderne. On voit notamment être réhabilitée la figure de la sorcière ou de la déesse. Elles sont des synthèses de figures puissantes, créatives et proches de la nature. Un exemple de ces formes de spiritualité serait le mouvement Wicca. Ce mouvement intègre des éléments du chamanisme, druidisme et de différentes mythologies.

 

Louise Delette

Références juridiques

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