Emprise psychologique
Définition
L’emprise psychologique est un processus de manipulation mentale et de violences psychologiques. Ce phénomène est long, insidieux et peut exister dans de nombreuses situations:
- au travail
- au sein du couple
- dans une secte
- dans la famille
- entre amis
L’emprise psychologique est un processus sournois, qui s’immisce dans une relation sans que la victime ne s’en rende vraiment compte.
Les moments de vie où une personne est plus fragile facilitent cette emprise. Cependant, tout le monde peut être victime d’une relation d’emprise, peu importe sa profession, ses revenus ou son intellect.
Dans le cas des violences conjugales, l’emprise est un enjeu clé.
“L’emprise c’est comme un iceberg : on n’en voit que la surface émergée, les violences physiques, les homicides. Mais si la personne sous emprise ne réagit plus aux coups, c’est parce qu’en amont, ces coups ont été préparés par de la violence psychologique. La victime a fini par s’habituer à être dénigrée, disqualifiée… “ Marie-France Hirigoyen
Les phases de l’emprise
On distingue plusieurs phases dans une relation d’emprise psychologique :
- La lune de miel
La victime reçoit énormément d’attention et d’amour de la part du manipulateur. Elle se retrouve dans une situation de dépendance affective et a l’impression de ne plus pouvoir vivre sans son bourreau.
- Le doute
La phase lune de miel passe, la victime est alors dévalorisée et sans cesse critiquée. Le doute s’installe dans son esprit, elle perd peu à peu sa confiance en elle et son esprit critique. Après une dispute violente, la phase lune de miel reprend ce qui brouille encore plus les frontières entre ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
- L’isolement
Le manipulateur isole progressivement sa victime de son entourage (famille, amis). Pour lui faire plaisir, éviter plus de nouvelles violences et des critiques ou, parce qu’elle finit par le croire, la victime les évite également.
Les difficultés rencontrées
Les personnes sous emprise psychologique ne se considèrent souvent pas comme des victimes. Pour la psychiatre Marie-France Hirigoyen, ce déni est une méthode de survie. Ne pas s’opposer frontalement à son agresseur permet d’éviter une montée de la violence. Par exemple, des femmes victimes de violences conjugales acceptent parfois des relations sexuelles qu’elles ne désirent pas pour éviter que la situation dégénère.
De plus, certains actes ne sont pas perçus par les victimes comme illégaux. Par exemple, la confiscation des papiers d’identité, les menaces ou la séquestration… Il y a donc un manque d’information de la victime sur ses droits.
Un conseil très utile à donner aux personnes sous emprise psychologique est de garder tout élément qui pourrait constituer une preuve de la violence subie comme des certificats médicaux, des sms, des enregistrements audios, des photos…
Enfin, une dernière difficulté vient de la société. Le regard sur les victimes est parfois culpabilisant, comme si celles-ci étaient coupables de ne pas être parties avant et qu’elles étaient responsables de leurs problèmes.
L’aide extérieure
Une personne sous emprise a très souvent besoin d’une aide extérieure pour réaliser la violence psychologique voire physique qu’elle a subie. Sortir d’une emprise psychologique est un processus long et complexe demandant beaucoup d’énergie.
Pour Marie-France Hirigoyen, l’entourage de la victime doit oser lui parler pour l’aider à retrouver son esprit critique. Il faut également lui proposer de l’aide même si celle-ci réfute la violence de ce qu’elle vit. L’entourage doit également faire face aux doutes qui reviennent et qui poussent parfois la victime à retourner vers son bourreau.
Une aide par des professionnels compétents est également conseillée pour sortir du processus d’emprise et entamer une reconstruction.
Pour la victime, il y a tout un travail de reconstruction à mener. C’est une reconstruction de sa confiance en soi et une revalorisation de son image et de ses droits.
Comprendre pourquoi la victime est attirée par ce type de relations est également important pour que cela ne se reproduise pas.
Un numéro d’appel gratuit pour la Belgique
Un numéro d’appel gratuit pour les victimes et proches de victimes de violences conjugales existe et est compétent, en principe, pour aider les victimes à comprendre ce qui se joue mais également pour soutenir les proches et leur fournir des premiers conseils.
Le numéro est le 0800 30 0 30.
Louise Delette
Références juridiques
- /