Lesbianisme politique

lesbianisme politique

Introduction

Le lesbianisme politique est un courant féministe. Il estime que les femmes peuvent lutter contre le patriarcat à leur échelle en refusant l’hétérosexualité et toutes relations avec les hommes. Ces relations peuvent être d’ordre amicales ou amoureuses. Ainsi, l’hétérosexualité est pensée comme un système politique. De ce fait, rejeter toutes relations avec les hommes permettraient donc de retrouver des bases saines ou toutes les femmes se retrouveraient. Toutes ces valeurs, communes aux femmes, permettraient leur élévation sociale.

Origine du mouvement

Le lesbianisme militant se développe à la fin des années 1960 aux USA et trouve son essor dans les années 70. Ainsi, il fait partie de la seconde vague du féminisme. Il progresse grâce à l’aide de Sheila Jeffreys qui écrit un essai intitulé Love Your Enemy? The Debate Between Heterosexual Feminism and Political Lesbianism (Aime ton ennemi ? Le débat entre le féminisme hétérosexuel et le lesbianisme politique) qui parle de lesbianisme politique.

Certaines militantes s’inspirent alors d’une théorie marxiste, le matérialisme. Selon cette théorie, les événements historiques sont déterminés par les rapports sociaux. Ainsi, ces dernières vont étudier la place de la femme dans la sexualité et dans la famille. On parle alors de féminisme matérialiste. De ce fait, le matérialisme, à l’échelle du féminisme, signifie que la séparation hommes/femmes n’est donc pas biologique mais bel et bien créée par les rapports sociaux.

Le Lesbianisle politique se théorise en Europe, à la fin des années 80, grâce à Monique Wittig et Adrienne Rich. Ce mouvement s’essouffle assez rapidement, vers les années 1990. Néanmoins,  il tend, ces dernière années, à revenir sur le devant de la scène notamment grâce à Alice Coffin (autrice du Génie Lesbien) journaliste, militante féministe et LGBT française ou encore Pauline Harmange (autrice de Moi les hommes, je les déteste), écrivaine et féministe française.

Qu’est-ce que c’est ? Qu’est ce que ça veut dire ?

Selon les lesbiennes politiques, la relation hétérosexuelle est synonyme d’inégalité et d’oppression, que l’homme soit bienveillant ou pas. C’est pour cela que toutes formes de relations avec les hommes sont rejetées. Ainsi, pour ces femmes, le féminisme qui se construit autour de l’hétérosexualité n’est qu’un aménagement du sexisme actuel et ne suffit pas. En étant hétérosexuelles, les femmes participent au patriarcat et à la domination masculine.

Cependant, le nom “lesbianisme politique” ne signifie pas que toutes les femmes adhérant à ce mouvement soient lesbienne. Les plus “extrêmes” d’entre elles choisissent un célibat volontaire, se considèrent asexuelles ou choisissent de relationner qu’avec des femmes quand elles sont bisexuelles. Dans son œuvre Love Your Enemy? The Debate Between Heterosexual Feminism and Political Lesbianism, Sheila Jeffreys décrit l’hétérosexualité comme une forme de complicité avec l’oppresseur (les hommes). Donc, les femmes ayant des relations hétérosexuelles ne seraient pas considérées aptes à faire partie de ce courant. Toutefois, plusieurs lesbiennes politiques conservent des relations hétérosexuelles sans lien affectif.

Les critiques envers ce mouvement

Cependant, le mouvement est très controversé autant dans le milieu féministe que LGBTQIA+.

En effet, au même moment du développement de ce courant la communauté LGBTQIA+ tentait de démontrer que la sexualité (plus précisément l’homosexualité) n’était pas un choix. Or, le lesbianisme politique exprime tout le contraire. Avec ce courant, la sexualité est politisée. Ces femmes “choisissent” leur sexualité.

Gayle Rubin – anthropologue et militante féministe américaine – a critiqué le lesbianisme politique. En suivant la vision du mouvement, elle soulève l’idée que “le lesbianisme est […] un équivalent sexuel du féminisme, et non pas une préférence sexuelle en tant que telle”1. Une lesbienne devrait donc être féministe pour que sa sexualité soit légitime. Cela met donc à l’écart tout un panel de lesbiennes. Ce mouvement ne regroupe au final qu’une infime partie de femmes. Le lesbianisme étant politisé, toute autre forme de sexualité est donc rejetée. Toujours selon G. Rubin, “lorsqu’on définit le lesbianisme en termes politiques, ce qu’on fait n’est en réalité rien d’autre que faire peser sur les vies des lesbiennes un devoir injuste de signification révolutionnaire”2.

Deuxième vague féministe : commence à la fin des année 1960 aux USA. Il “se focalise davantage sur la sexualité, la place de la femme dans la famille mais aussi les violences conjugales ou le viol.”3 C’est une volonté de “se libérer de la domination masculine, désignée par le concept de « patriarcat » (pouvoir des hommes sur les femmes et exploitation des femmes).”4

Océane Lehuault-Parc et Zoé Doliger

Sources :

  1. Gayle RUBIN, « Une     conversation avec Gayle Rubin », Raisons politiques, n°46                                           
  2. Gayle RUBIN, « Une conversation avec Gayle Rubin », Raisons politiques, n°46                                          
  3. Deuxième vague féministe — Wikipédia
  4. Nicole MOSCONI, « Mai              68 : le féminisme de la « deuxième vague » et   l’analyse du sexisme en éducation », Les Sciences de      l’éducation – Pour l’Ère nouvelle, Vol 41                           
Références juridiques

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