Not all men

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#NOTALLMEN  – Pourquoi ce hashtag est problématique ?

Le hashtag « not all men » (en français, « pas tous les hommes ») est apparu en réaction à la vague de dénonciations relatives au mouvement MeToo. Ce mouvement a pour but de dénoncer les viols, les agressions, les violences subies au quotidien par les femmes mais ignorées par la société.

Pour exemple, selon un sondage mené par Amnesty en 2020, 53% des plaintes pour viol en Belgique aboutissent à un classement sans suite. A noter qu’à ce jour, il n’existe pas de statistiques officielles relatives aux violences sexuelles en Belgique.

Les accusés du mouvement MeToo sont les hommes et, plus largement, la société patriarcale.

Dès lors, les réactions individuelles des hommes ne se sont pas fait attendre. Blessés d’être accusés de violences envers les femmes, certains crient haut et fort qu’eux, « ne sont pas comme ça, ils n’ont jamais violé personne ».

Cet argument répond à la généralisation opérée par la dénonciation des violences. Car c’est un fait avéré, l’écrasante majorité des auteurs de violences sexuelles sont des hommes, alors que l’écrasante majorité des victimes sont des femmes. Cette généralisation parle bien d’une majorité et non pas d’une totalité.

Le « not all men » découle d’un désir de se dissocier de la classe oppressive (ici, les hommes cisgenres). En d’autres termes, il est désagréable de réaliser qu’on est privilégié et qu’on est associé aux oppresseurs parce qu’on leur ressemble. Alors, on a besoin de dire qu’on n’est pas comme eux.

Néanmoins, cet argument est très problématique, voire dangereux, pour plusieurs raisons.

Ça ne nous apprend rien

Les femmes savent déjà que les hommes ne sont pas tous des agresseurs. Quand une femme accuse un homme de l’avoir agressée, elle n’accuse pas tous les hommes. Dire que toutes les femmes sont victimes, au moins une fois dans leur vie, de harcèlement de rue, ça ne veut pas dire que tous les hommes harcèlent dans la rue. Vouloir protéger les femmes victimes de violences conjugales, ce n’est pas accuser tous les hommes hétéros en couple.

Donc non, cet argument n’apporte aucune information pertinente. Il ne fait en aucun cas avancer la lutte. De plus, les hommes ne méritent pas une médaille ou l’éternelle reconnaissance des femmes juste parce qu’ils n’ont jamais été auteurs de violences sexistes.

Ça invisibilise le problème principal 

Le sujet abordé sont les violences faites aux femmes. Ce sont contre ces violences qu’il faut lutter. Quand un homme affirme qu’il ne fait pas partie des agresseurs, il déplace la discussion vers sa propre personne et, de ce fait, rend impossible le développement du problème initial. Ce n’est pas parce que tous les hommes ne sont pas des agresseurs, que les agressions sexuelles n’existent pas.

C’est de l’auto-victimisation

D’autre part, placer les hommes au centre du problème en affirmant « qu’ils ne sont pas tous comme ça », c’est les considérer comme des victimes d’un système oppressif.

Or, il n’existe aucun complot féministe désireux d’éradiquer tous les hommes. Le but des dénonciations est de rendre visible un problème systémique afin d’y apporter des solutions, pas de stigmatiser les hommes cisgenres.

Certains crient à l’injustice, parce que c’est injuste de mettre tous les hommes dans le même panier alors que certains n’ont jamais fait de mal à personne. Toutefois, la vraie injustice ne réside-t-elle pas dans les violences et le sentiment constant d’insécurité vécu par les femmes, parce qu’elles sont des femmes ?

Conclusion

Messieurs, pour une fois, vous n’êtes pas au centre de l’attention. Laissez la parole aux femmes. Ce sont elles qui sont concernées par ces violences, écoutez-les au lieu de les combattre. Ne soutenez pas vos frères agresseurs, soutenez vos sœurs agressées. Soyez des alliés, pas des ennemis.

Enfin, si ce n’est pas encore assez clair, il suffit de transposer ce hashtag à un autre sujet pour comprendre à quel point il n’est pas pertinent :

  • Un homme m’a volé ma voiture.
  • Moi je n’ai jamais rien volé, tous les hommes ne sont pas des voleurs !

Absurde, non ?

Manon L’Hoir

 

Références juridiques

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