J’ai eu l’occasion de lire la Tribune « Le viol est un crime, mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit ni la galanterie une agression sexiste ». Un collectif de cent femmes dont Catherine Millet, Ingrid Caven et Catherine Deneuve écrit, le 1er septembre 2018, un texte rejetant le féminisme qui, pour elles, va trop loin et va à l’encontre de la liberté sexuelle. Un avis que je ne partage pas du tout, et ce pour plusieurs points.
Premièrement, les féministes ne se posent pas elles-mêmes en tant que victimes ou en tant que petites choses fragiles. Par contre, elles montrent toutes les injustices que les femmes subissent (inégalité des salaires, sexisme, maltraitance, etc.) et elles essaient, au contraire, de sortir de ce rôle d’être fragile incapable de se défendre ou de vivre sans homme que la société leur a imposé pour aller vers une vraie égalité des sexes avec des femmes qui sont payées et respectées, écoutées et prises en considération de la même manière et avec autant d’intérêt que les hommes.
Deuxièmement, vous dites que la liberté d’importuner est indispensable à la liberté sexuelle. La liberté de qui ? Des hommes, évidemment. Et les femmes dans tout ça ? N’ont-elles pas le droit de marcher dans la rue sans se faire déranger par un inconnu qui ne voit en elle qu’un objet capable de réaliser ses désirs personnels ? Ne pourraient-elles pas s’habiller comme elles le souhaitent sans devoir prendre en compte les attirances que cela pourrait entraîner chez les hommes ?
Quant à la liberté d’importuner des femmes, où est-elle ? Pourquoi lorsqu’une femme adopte un comportement que la plupart des gens trouvent normal chez un homme, se fait-elle traiter de fille facile, d’aguicheuse ou de prostituée ? Au final, ce que vous défendez, c’est la liberté sexuelle des hommes et l’emprisonnement de celle des femmes.
Troisièmement, il y a certes beaucoup d’actions que mènent les féministes mais ces actes, si nombreux soient-ils ne sont pas dus à une volonté de trouver du sexisme dans tout mais un effet logique d’une prise de conscience de la réalité d’une société basée sur un système patriarcal. En effet, beaucoup d’actes que l’on trouve normaux ne sont en fait qu’une façon de plus de rabaisser la femme. L’exemple qui, pour moi, est le plus flagrant est cette pensée que les choses lourdes doivent être portées par des hommes et les objets légers par les femmes, et cela, au-delà d’une considération quelconque de l’état physique des personnes concernées, entraînant une pensée inconsciente que la femme est toujours plus faible que l’homme, ce qui est faux.
En conclusion, je pense que les femmes sont bel et bien victimes d’injustice et que si nous devions défendre une liberté sexuelle, cela devrait être la leur. En effet, nous avons toute une société à remettre en cause, et cela de manière urgente.
Yassin Ahmya, étudiant