Poils

Poils

Les femmes, comme les hommes, sont porteuses de poils sur différentes partie de leur corps, voire la totalité. Pourtant, les injonctions diffèrent fort entre hommes et femmes quant à l’acceptation, ou non, des poils.

L’épilation des femmes s’est développée au XXème siècle conjointement avec le développement du cinéma hollywoodien. Les aisselles et jambes épilées deviennent alors les nouveaux critères de beauté. Ils participent ainsi à l’infantilisation de la femme.

Pour le collectif Liberté, Pilosité, Sororité ces injonctions sont misogynes. 

Étant donné que la pilosité est une partie normale du corps féminin, nous considérons que le dégoût qu’elle suscite ne peut être que la manifestation d’une profonde misogynie.

S’il faut le rappeler, juridiquement, les femmes n’ont aucune obligation de retirer les poils de leur corps.

La remise en cause du diktat de l’épilation 

Cette remise en cause se fait notamment par les mouvements féministes de la première vague des années 1960. Ces féministes critiquent l’injonction à l’épilation et les canons de beauté imposés.

Depuis quelques années, ce mouvement d’assumer ses poils se diffuse de plus en plus et on observe un regain pour la non épilation. Ce renouveau est permis notamment grâce aux réseaux sociaux. Les femmes peuvent plus facilement diffuser leurs revendications, des photos de leurs poils, se renseigner et se déconstruire tout en se soutenant mutuellement.

On observe également que le milieu de la mode commence à s’ouvrir peu à peu aux poils des femmes. Cette ouverture est positive : habituer à la vision des poils pourra contribuer à réduire le dégoût de nombreuses personnes.

Néanmoins, pour de nombreuses féministes, il existe toujours un grand tabou sur cette question. Les femmes qui se dévoilent avec leurs poils sur les réseaux sociaux restent la cible de très nombreuses critiques voire de harcèlement et même de menaces de mort. 

Pourquoi ne plus s’épiler ?

Le collectif Liberté, Pilosité, Sororité évoque plusieurs arguments pour ne plus s’imposer l’épilation et vivre avec ses poils en toute sérénité:

Le temps et l’argent dépensés

Pour ne plus avoir de poils, les femmes doivent s’en occuper plusieurs fois par mois voire par semaines.

On peut également prendre soin de son épilation par des gommages et une hydratation.

L’épilation définitive est chère et nécessite beaucoup de temps. Les rendez-vous pris chez le médecin ou l’esthéticienne sont d’autant plus de temps et d’argents dépensés pour l’épilation.

La douleur

Cela peut être des poils incarnés, des coupures, des brûlures (épilation par laser) …

Une mauvaise estime de soi

Le corps féminin naturel, non épilé est considéré comme laid.

Les femmes apprennent cette injonction dès l’enfance, les filles s’épilent les aisselles en moyenne entre 12 et 14 ans.

Liberté, Pilosité, Sororité donne l’exemple d’un texte du Dico des Filles (2014), un ouvrage qui s’adresse aux filles de 12 à 16 ans :

« En France, l’usage veut qu’on s’épile. Les gens seraient choqués de vous voir avec des poils sous les aisselles: c’est supposé être très laid. En fait, cela peut donner l’impression qu’une femme ne prend pas soin d’elle ou pire, qu’elle est sale. »

Une plus grande charge mentale

Les femmes doivent anticiper l’épilation pour éviter toute situation “embarassante” (rendez-vous amoureux, chez le gynécologue, à la piscine).

Par ailleurs, les femmes se censurent sur certaines activités si elles ne sont pas épilées alors que les hommes non (aller à la piscine, mettre une robe…)

Cela ne s’arrête jamais 

Il faut s’épiler souvent, il existe également le problème des repousses paradoxales avec des pols plus noirs et épais (notamment avec l’épilation au laser)

Des poils utiles 

Contrairement à ce que l’on entend, les poils ne ont pas sales et ont une utilité. Ils servent de protection contre les bactéries et favorise l’hydratation de la peau.

“Parce qu’on ne sait plus ce à quoi ressemble le corps des femmes”

Les enfants sont parfois surpris de voir des poils chez les femmes. Les femmes elles-même se demandent si elles sont “normales”.

“Nous sommes maintenues dans l’ignorance de notre propre corps, ce qui, bien entendu, génère encore davantage de complexes et de haine de soi.” Liberté, Pilosité, Sororité 

Miriam Ben Jattou
Louise Delette 

Références juridiques

  • /
Retour en haut