Abus / abuse

Abus

Pouvoir des mots

Les mots ont un pouvoir incroyable et ce n’est pas nouveau. Utiliser le bon terme lorsque l’on s’exprime permet de mieux se faire comprendre. Quand on veut transmettre une émotion, si l’on met le mot juste dessus, notre interlocuteur percevra mieux notre ressenti. C’est le cas dans de nombreuses situations.

Abus

Certains mots sont pourtant utilisés dans de mauvais contextes. C’est parfois le cas du mot « abus ».

Ce mot, bien que si court, a beaucoup de pouvoir. Dans le milieu juridique, un « abus » désigne l’usage excessif d’un droit ayant eu pour conséquence l’atteinte aux droits d’autrui[1].

L’origine du mot « abus » vient du latin « abusus », signifiant user à l’extrême d’un droit ou d’un usage. On l’utilise par exemple dans des cas d’abus de confiance, d’abus d’autorité, etc.

Abus sexuel

Néanmoins, il n’est pas rare de voir le mot « abus » mal utilisé, et ce même en droit. Ainsi, on peut parfois lire « abus sexuel ». Sauf que cette association de mots n’a pas de sens.

L’abus sexuel impliquerait qu’une personne use à l’excès d’un droit sexuel qu’elle a déjà sur quelqu’un. Or, personne n’a de droit sur le corps d’autrui. Que l’on soit adulte, enfant, marié ou autre.

Cependant, on trouve cette association de termes assez fréquemment. C’est d’ailleurs le cas dans le projet de réforme de Code Pénal de juillet 2021.

Traduction littérale ?

Alors, pourquoi est-ce que l’on utilise l’expression d’abus sexuel ?

La raison se cache probablement dans une traduction littérale du mot anglais « abuse ».

En anglais, « abuse » traduit l’intention de blesser une personne, que cela soit de manière physique, verbale ou autre[2]. Ce mot comprend également la non-assistance à personne en danger.

Il y a donc une situation d’« abuse » si l’on voit quelqu’un souffrir ou être maltraité mais que l’on n’agit pas[3].

D’après ce terme anglais, tout le monde peut être touché par l’« abuse ». Ainsi, que l’on soit homme, femme, jeune, âgé, d’une classe sociale plus ou moins élevée, d’une origine quelconque, il est possible d’être victime d’« abuse ».[4]

Faux amis

Dans une période de mondialisation, il parait normal que certains mots d’une langue soient utilisés dans une autre. C’est le cas d’interview, de camping, de hamburger, etc.

Cependant, aucun glissement de sens n’est envisageable pour ces mots-là. Par contre, ça l’est pour les « faux amis », c’est-à-dire les mots anglais avec un sens totalement différent en français.

On peut avoir « a cave » qui signifie une grotte, ou encore « a figure » qui signifie un chiffre. Le même procédé peut se retrouver avec le mot anglais « abuse », qui n’a donc pas du tout la même signification qu’un « abus » en français.

Ce glissement de sens si important montre qu’il faut être prudent avec les termes que l’on utilise, et qu’un mot peut parfois en cacher un autre si l’on ne fait pas assez attention.

Marie Darcis


Notes

[1] https://www.juritravail.com/informations-pratiques/lexique/Abus.html

[2] https://www.nhs.uk/conditions/social-care-and-support-guide/help-from-social-services-and-charities/abuse-and-neglect-vulnerable-adults/

[3] https://freedomtoteach.collins.co.uk/health-and-social-care-suspecting-abuse-in-vulnerable-adults/

[4]https://www.coventry.gov.uk/info/233/coventry_safeguarding_adults_board/3260/abuse_and_neglect_of_adults_with_care_and_support_needs/2

Pour aller plus loin

/

Avec le soutien de

Retour en haut