Allaitement

allaitement

Définition

On peut définir l’allaitement comme le fait, pour les mammifères, de nourrir un.e petit.e avec le lait produit par sa mère.

Cependant, pour les humain.e.s, certain.e.s élargissent cette notion au fait de nourrir un.e enfant avec du lait adapté à son âge.

Rappelons, d’ailleurs, que la norme biologique humaine implique des besoins en produits laitiers jusqu’à la perte des « dents de lait » des enfants. Ces apports en produits laitiers peuvent se faire via du lait humain. Même si, dans notre société, on a tendance à limiter l’allaitement humain. Nous y reviendrons. 

Il existe différentes façons de nourrir un enfant de lait. On parle d’allaitement maternel lorsqu’il s’agit de lait humain. On parle d’allaitement artificiel lorsqu’il s’agit de lait animal ou végétal industriel.

Par ailleurs, l’OMS recommande l’allaitement exclusif des bébés jusqu’à 6 mois suivi d’un allaitement en complément d’une alimentation diversifiée et équilibrée jusqu’aux deux ans ou plus. Nous vous invitons à lire notre article sur le sujet

L’allaitement, une obligation ou un droit ?

Chaque femme devrait avoir le droit de décider d’allaiter ou non le/la bébé porté.e dans son ventre ou adopté.e.

En effet, l’allaitement devrait être un droit pour chacun et chacune. Le non allaitement aussi.

Cependant, pour faire un choix en conscience, il faut d’abord avoir les bonnes informations. Or, de nombreuses erreurs continuent à circuler au sujet de l’allaitement. Et cela conduit des femmes à y renoncer pour de mauvaises raisons. 

L’information par les professionnel.le.s de la santé

Pour pouvoir effectuer son choix en libre conscience, il faut donc obtenir de vraies informations.

Cela implique, notamment, que les professionnel.le.s de la santé soient correctement informé.e.s des deux options, sans pression de l’un.e ou de l’autre.

Il faut également que chaque professionnel.le accompagne chaque choix dans le respect.

Or, ce n’est pas toujours le cas et nous le déplorons.

Nous militons pour un accès inconditionnel aux publications scientifiques les plus récentes à chaque personne qui le souhaite. De plus, nous militons pour que chaque personne qui souhaite donner le biberon, quel que soit l’âge de l’enfant, puisse le faire sans jugement.

En outre, nous militons pour que les personnes qui allaitent bénéficient de conseils adéquats afin de mener à bien le projet d’allaitement jusqu’au sevrage souhaité par celles-ci, qu’il soit naturel ou induit.

Le taux d’allaitement en Belgique

Nous l’avons vu plus haut, l’O.M.S. recommande l’allaitement maternel exclusif jusqu’aux 6 mois de l’enfant. Cette recommandation se base sur différentes études. 

Celles-ci ont démontré les avantages de l’allaitement maternel pour les mères comme pour les enfants. 

Pourtant, on estime que seulement 25 % des nouveaux-nés et nouvelles-nées sont nourri.e.s de cette manière en Europe. 

Et la Belgique semble ne pas relever le niveau. D’après les statistiques du SPF Santé, seules 15 % des femmes belges allaitent leur enfant au-delà de 6 mois.

Pourquoi un taux aussi faible, si toutes les institutions s’accordent pour dire que l’alimentation au sein devrait primer sur le lait en poudre ? Serait-ce le manque de législation ? Un manque d’information ? La conséquence de mauvaises expériences ?

L’absence de culture de l’allaitement en Belgique

Clairement, il ne peut pas parler de culture de l’allaitement maternel en Belgique. 

Certes, les jeunes mères reçoivent des pressions pour allaiter à tout prix, les premiers jours de vie de leur bébé. Cette pression, injuste et souffrante, doit cesser. 

En revanche, dès que l’allaitement perdure au-delà de 3 semaines, cela change. Oui, 3 semaines. En effet, c’est en général à partir de là que les mères allaitantes reçoivent des critiques sur leur allaitement. 

On les invite à passer « au vrai lait ». Pourtant, c’est le lait en poudre qui fait ce qu’il peut pour ressembler au lait humain, sans grand succès. 

On leur demande de se cacher pour allaiter. Certaines mères se sentent alors contraintes d’allaiter aux toilettes, quand elles sont à l’extérieur. Car, pour certain.e.s, le sein n’est qu’un objet sexuel. Dès lors, il n’a pas sa place dans l’espace public.

A ce sujet, on entend encore des phrases atroces comme « il faut cesser d’allaiter pour que les seins redeviennent le jouet de papa » ! Rien ne va dans cette phrase. Les seins n’appartiennent à personne d’autres qu’à la personne qui les porte. Et faire primer le plaisir du « papa » sur les besoins de l’enfant montre combien la société se pervertit.

Des efforts existent

C’est vrai. On aperçoit différents efforts en matière de promotion de l’allaitement. Pensons à des institutions comme l’O.N.E. ou au label « Ami des bébé ». Pensons également à l’accompagnement des jeunes mères avant et après l’accouchement.

On le voit aussi via la communication de certains établissements de l’HoReCa. Ils sont de plus en plus nombreux à revendiquer l’accueil des femmes allaitantes. Il en va de même pour certaines villes qui affichent le label « baby spot ».

Malheureusement, ils restent insuffisants. Pire, ils se trompent parfois de message, devenant des injonctions sans laisser de véritable place au choix libre et éclairé.

De plus, les professionnel.le.s ne sont toujours par correctement formé.e.s sur le sujet. Par exemple, un.e pédiatre reçoit 2 heures de cours sur l’alimentation de l’enfant, de sa naissance à sa majorité, sur l’ensemble de ses 12 années d’étude. 

En comparaison, une jeune animatrice de La Leche League cumule plus d’une centaine d’heures de formation uniquement centrées sur l’allaitement.

Or, ces professionnel.le.s mal formé.e.s, sans en avoir forcément conscience, distillent des conseils souvent foireux.

Et la conséquence reste la même : l’allaitement demeure méconnu, mal perçu et entouré de fausses croyances. Sans oublier qu’il constitue encore et toujours un tabou dans la sphère publique.

Les mythes et légendes autour de l’allaitement

Les mythes et légendes autour de l’allaitement pourraient faire l’objet d’une thèse de doctorat. En effet, il y a tant et tant à en dire.

Nous ne visons donc pas l’exhaustivité. 

Parmi les mythes les plus récurrents, on peut identifier les suivants : 

  • seul le colostrum serait important. Or, le colostrum, c’est-à-dire le tout premier lait produit après la naissance, montre, en effet, de nombreux avantages pour la santé de l’enfant. Mais, c’est aussi le cas de toutes les formes de lait produit par les femmes. 
  • l’allaitement maternel conduirait à une carence en fer. Or, le lait donne à l’enfant ce dont il a besoin. 
  • l’allaitement maternel rendrait les seins plats. Pourtant, ce n’est pas l’allaitement qui joue sur la forme des seins. C’est tout simplement la grossesse. A la fin de l’allaitement, les femmes retrouvent des seins de même consistance que celles qui n’allaitent pas.
  • les femmes rousses auraient la peau trop fragile pour allaiter. En termes de survie humaine, il serait étrange que 2 % de la population ne soit pas en mesure de faire survivre ses petit.e.s naturellement…  Plus sérieusement, toutes les femmes ont la capacité d’allaiter. Qu’importe leur couleur de peau. 

La méconnaissance de ses droits

Un autre facteur important peut expliquer la faible proportion de femmes allaitantes : la méconnaissance de la législation. 

En effet, nombre de mères évitent ou interrompent leur allaitement parce qu’elles ignorent qu’elles ont des droits en la matière. Notamment lors de la reprise du travail. 

Certaines femmes entament un sevrage de leur bébé en vue du retour au travail. Elles le font à contrecœur et en souffrent. Mais, elles pensent que c’est indispensable pour éviter des engorgements et des douleurs. 

Or, les femmes allaitantes ont des droits au niveau de leur travail.

Jusqu’aux neuf mois de l’enfant, elles peuvent bénéficier de pauses d’allaitement (30 minutes de pause si la travailleuse preste moins de 7h30 et 1 heure de pause si elle preste 7h30 ou plus). Ces pausent permettent aux femmes de tirer leur lait, par exemple.
Pour les femmes écartées de leur emploi sans être affectées à d’autres tâches, un congé d’allaitement est possible jusqu’à la fin du 5ème mois de l’enfant.

En outre, certaines entreprises proposent à leurs employées de reprendre en télétravail. Cette décision passe par une convention collective de travail. A défaut, la travailleuse peut essayer de négocier cela avec leur employeur. 

De même, elle peut négocier la prolongation de la période de pauses d’allaitement. Cependant, en général, ces pauses ne sont alors pas rémunérées. Cela pose, évidemment, question. Surtout dans le cadre de la Belgique qui promeut, pourtant, le bien-être de la mère et de l’enfant. 

Le rôle de la culture

La culture joue un rôle important sur le regard porté par la société sur l’allaitement. 

Dans de nombreux pays d’Afrique ou d’Asie, on considère que nourrir son enfant au sein fait partie intégrante de la nature. Il s’agit d’un geste naturel sans équivoque. Dès lors, les femmes peuvent allaiter en public sans recevoir de remarques déplacées.

Pour nos yeux d’Européen.ne.s, cela peut surprendre. Mais, il est tout-à-fait possible de voir une femme voilée, au Maroc, soulever son t-shirt et allaiter son enfant. En pleine rue. 

En effet, la pudeur varie d’une culture à l’autre. Pour cette femme, la pudeur implique de cacher ses cheveux. En revanche, ses seins servent à nourrir son enfant. Elle n’aperçoit donc pas pourquoi elle devrait le cacher. Après tout, les adultes aussi mangent en rue.

Au contraire, dans notre culture occidentale, le sein est sexualisé. Dès lors, il faut le cacher à tout prix. Et le geste de l’allaitement est seulement toléré. Pour autant qu’il reste discret. Et pudique.

C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, le film d’animation Kirikou fut interdit à la diffusion aux mineur.e.s. En effet, on estimait la nudité féminine de Karaba « indécente ».

Ce constat s’illustre parfaitement aussi dans le cas de Nerféra Mavambu. Pour rappel, cette jeune maman fut verbalisée et menacée par un agent de la police pour avoir donné le sein à son enfant en public. En effet, l’agent a considéré cet acte comme une atteinte à la pudeur. Pourtant, aucun décret ni texte de loi ne l’interdit.

L’hypersexualisation du corps des femmes

Notre société a tendance à sexualiser le corps des femmes. On le voit dans les publicités, la banalisation de la pornographie ou encore le tabou de la nudité.

Et on peut se demander s’il n’y a pas une corrélation entre cette hypersexualisation des femmes  et ce faible taux d’enfants allaité.e.s naturellement.

En effet, le corps de femmes n’est vu que comme un instrument de plaisir pour les dominants. Les enfants, de leur côté, sont des êtres fragiles et sans intérêts. Dès lors, l’allaitement ne revêt que peu d’intérêt aussi. 

C’est la parfaite illustration du continuum des violences. 

L’utopie d’un monde juste

A Femmes de Droit, nous rêvons d’une utopie. Celle d’un monde juste. Où les femmes auraient accès à toutes les informations  nécessaires pour faire leur choix. 

Où elles bénéficierait de respect, quel que soit son choix. 

Un monde qui considère le corps des femmes comme étant une partie d’elles-mêmes. Et méritant respect et égard. Au même titre que chaque humain.e. 

De manière peut-être plus réaliste, nous souhaitons que les informations réelles circulent. Dès l’école. Comprendre comment fonctionne le corps nous semble essentiel. Et l’allaitement n’est rien d’autre qu’une fonction du corps humain. 

Miriam Ben Jattou et Liliane Jabateh

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