Plafond de verre
Définition
Le plafond de verre est une image qui symbolise l’impossibilité pour certaines catégories de personnes d’avancer dans leur carrière ou d’obtenir plus de responsabilités au-delà d’un certain niveau.
L’expression “plafond de verre” (ou “glass ceiling”) est née aux Etats-Unis dans les années 1970 et a ensuite été popularisée par un article du Wall Street journal datant de 1986.
Le concept de plafond de verre remet en question l’idée que seul le mérite peut expliquer la réussite professionnelle. En effet, les femmes, les personnes immigrées, les personnes avec un handicap, etc. doivent faire face à plus de difficultés pour avancer dans leur carrière.
Ainsi, quand on observe le pourcentage de femmes au sein du top management des entreprises, on voit qu’elles sont peu nombreuses. La logique voudrait pourtant qu’on ait, approximativement, autant d’hommes que de femmes à la tête des entreprises. Or, ce sont majoritairement des hommes (pareil au niveau étatique). On observe également une grande différence entre la proportion de personnes noires dans la population et la proportion de personnes noires à la tête des entreprises.
Des stéréotypes persistants
Les préjugés sur les femmes ont la vie dure. Elles sont souvent plus vues comme des mères ou des épouses que comme des dirigeantes. Ces stéréotypes ont un impact dès le début de la carrière d’une femme. Cela les cantonnent dans des postes avec peu de responsabilités ou un bas salaire.
Ann-Sophie de Pauw montre, dans une étude datant de 2016, qu’une femme a 33% moins de chances qu’un homme d’obtenir un entretien d’embauche pour un poste technique. Toutefois, elle a autant de chances qu’un homme, s’il s’agit d’un poste qui valorise les «qualités humaines».
Ces stéréotypes impactent également la confiance des femmes qui ont plus tendance à s’auto-censurer. Par exemple, on observe que dès l’école, elles peuvent s’auto-censurer dans le choix d’orientation et de filières.
L’importance des réseaux
Dans de nombreux secteurs, les réseaux sont très importants pour avancer dans sa carrière mais les femmes en profitent généralement moins. De plus, les réseaux masculins sont ceux qui favorisent le plus les promotions puisque sont présents à l’intérieur, les personnes avec le plus de responsabilités et de pouvoir.
Il existe également le phénomène de “boy’s club” (ou homophilie) qui consiste à rester entre soi au détriment des autres. Cela s’est vu récemment avec l’affaire de la Ligue du Lol où des femmes journalistes ont été victimes de misogynie et de harcèlement de la part de confrères masculins.
De faux préjugés
Le site de gestion de compétences Competentia explique que les préjugés sur les femmes dirigeantes sont faux :
- Elle travaillent autant d’heures et de jours que les hommes
- Elles prennent moins de congés et ont moins d’absences (excepté pour le congé de maternité)
- Elles acceptent plus souvent une mutation que les hommes
- Certaines études révèlent que les entreprises sont plus performantes si plusieurs femmes sont dirigeantes. Le même résultat apparaît quant à la présence de personnes issues de minorités ethniques.
Quelles mesures pour lutter contre le plafond de verre ?
Au niveau juridique, il existe la loi sur les quotas (2011) qui oblige les entreprises à nommer 1/3 de femmes dans leur Conseil d’administration. Ainsi, de 2008 à 2017, la proportion de femmes dans ces Conseils a plus que triplé.
Au niveau des entreprises et des organisations publiques, le site Competentia propose quatre niveaux d’actions :
- Mesurer le plafond de verre
- Mettre les femmes en situation de réussir
- Faciliter la vie des femmes dans leur milieu professionnel
- Agir sur les comportements et les attitudes
Parmi les mesures proposées, on trouve le développement de réseaux aux femmes, du parrainage, du coaching, des équipes de travail mixtes, une meilleure préparation des congés parentaux…
L’importance est d’arriver à un nombre significatif de femmes à des postes à responsabilités. Cela permettra de changer profondément les choses.
Louise Delette
Références juridiques
- Loi du 28 juillet 2011 relative aux quotas de genre
Pour aller plus loin
- Article de Wikipedia
- Article de Libération
- La fiche sur le plafond de verre du site Competentia
- L’étude «Do Employer Preferences Contribute to Sticky Floors ?», Ann-Sophie De Pauw, Stijn Baert et Nick Deschacht, in «Industrial and Labor Relations Review», mai 2016.