Pourquoi « Femmes de droit » ?
Pourquoi pas « Humain.e.s de droit » ? Sommes-nous contre les hommes ? Sommes-nous de ces vilaines féministes misandres qui veulent détruire les hommes ?
Les choses sont beaucoup plus nuancées que cela.
Au sein de l’association, nous nous battons contre les privilèges et les dominations commises par la classe sociale des hommes. Cela ne signifie pas que nous pensons que tous les hommes individuellement sont des prédateurs violents. Simplement ils font partie d’une classe sociale que le patriarcat (ou fratriarcat) privilégie au détriment de l’autre classe sociale que sont les femmes, au sens sexué du terme. Y sont inclu.e.s toutes les personnes qui sortent de la classe sociale des hommes en remettant en cause les stéréotypes de genre.
Par ailleurs, plusieurs d’entre nous pensent que les hommes ont un rôle à jouer dans le combat féministe. Non pas en disant aux féministes quoi faire ni comment. Mais en relayant nos revendications auprès des autres hommes, en faisant ce travail de pédagogie auprès des leurs, en travaillant avec les agresseurs pour leur faire prendre conscience des mécanismes en œuvre et les amener à agir autrement.
C’est pourquoi les hommes sont les bienvenus en tant que bénévoles au sein de l’association.
Mais, ne les excluons-nous pas par le nom-même de l’association « Femmes » de droit ?
Depuis tou.te.s petit.e.s, nous apprenons que lorsque le mot « Homme » est muni d’une majuscule, il peut représenter l’ensemble de l’humanité.
Partant de ce principe, nous avons estimé qu’il en était de même avec le mot « Femme ». Dès lors, les hommes sont les bienvenus en tant que Femmes de droit, avec un F majuscule.
Cette petite subtilité de langage est un pré-requis indispensable à comprendre avant d’intégrer l’équipe de bénévoles. En effet, toutes nos bénévoles partagent un socle de valeurs communes. Elles défendent une certaine vision du féminisme.
Si les hommes ne peuvent pas être représentés par le mot « femme » pour certain.e.s, c’est probablement parce que tout ce qui touche au féminin a été dévalorisé au sein de notre culture depuis tellement de temps qu’il est parfois difficile de s’en rendre compte.
Pourtant, il n’y a rien d’honteux à être une femme. Et donc, rien d’honteux à être représenté.e par un mot féminin.
D’autant plus que l’humanité est majoritairement composée de femmes (une petite majorité mais une majorité certaine). Il n’y a donc rien d’aberrant à prendre le genre majoritaire pour la désigner, cette humanité. Au contraire, utiliser le mot « homme » est plutôt incongru puisque les hommes ne sont qu’une minorité, une grosse minorité certes, mais une minorité quand même, de l’humanité.
D’ailleurs, au sein de Femmes de droit, nous essayons de remplacer la règle du « masculin l’emporte » par celle de « la majorité l’emporte ». C’est même inscrit dans nos statuts.
Par conséquent, nous n’avons aucun objectif d’exclusion en choisissant ce mot. Nous voulons, en revanche, rendre plus visible la moitié de l’humanité invisibilisée par la langue française depuis des siècles.
Miriam Ben Jattou