Le déni de grossesse

Le déni de grossesse est un sujet douloureux. Il fait l’objet de nombreux préjugés. En outre, il suscite beaucoup de questions.
Dès lors, il nous semblait important d’en parler pour clarifier le sujet. Le présent article commence donc par définir ce concept. Ensuite, il aborde les causes et les symptômes, sans oublier les conséquences. Enfin, il revient sur l’importance de la prise en charge et de l’accompagnement.
La définition du déni de grossesse
Commençons donc par définir le concept.
Le déni de grossesse se caractérise par le fait d’être enceinte sans le savoir. Cela peut arriver à n’importe quelle femme peu importe son âge ou sa situation.
En principe, il existe deux types de déni de grossesse :
- Le déni de grossesse partiel : la femme réalise qu’elle est enceinte tardivement, vers la quinzième semaine ou plus tard. Donc un peu après 4 mois.
- Le déni de grossesse total : plus rare, elle se caractérise par une prise de conscience uniquement au moment de l’accouchement.
Il s’agit d’un trouble affectant la gestion psychique. En effet, ce phénomène complexe, figure dorénavant dans le DSM-V. Ce dernier est un manuel américain abordant les troubles psychologiques et psychiatriques. Il sert généralement de référence en la matière, y compris en Europe.
Le déni de grossesse se trouve ainsi dans la catégorie « troubles liés aux traumatismes et au stress ».
En effet, la grossesse ne se limite pas à un processus biologique favorisant la croissance du bébé. Mais elle constitue également une transformation psychologique. Au cours de celle-ci, la femme devient mère.
Le déni de grossesse est donc un mécanisme de défense psychique. C’est une manière de se protéger de la réalité qui est inenvisageable. Car, pour diverses raisons le fait d’être enceinte est alors totalement inconcevable.
Les causes d’un déni de grossesse
Il existe plusieurs causes au déni de grossesse. Cependant, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, il s’agit surtout de diverses hypothèses. En effet, il existe très peu de recherches effectuées sur ce sujet.
Voici donc une liste d’hypothèses émises à cet égard.
Ces défenses trouveraient souvent leur origine dans des traumatismes passés. Cela pourrait être lié à une relation non désirée, une fausse couche, ou même une IVG vécue difficilement.
Une femme pourrait donc refuser inconsciemment d’accepter une nouvelle grossesse par peur de revivre cette douleur, ce traumatisme.
En outre, des tensions familiales, un environnement instable ou un tabou sur la sexualité pourraient aggraver le déni.
De plus, des grossesses rapprochées ou penser qu’on est stérile pourraient également jouer un rôle.
Par ailleurs, les femmes se trouvent parfois dans un milieu où être mère est mal vu. Dès lors, cela peut influencer leur état d’esprit.
Suite à cela, des blocages se créeraient donc au niveau du subconscient.
Toute information du corps concernant la grossesse serait alors étouffée ou réduite au maximum. Le but étant de préserver la partie consciente du cerveau.
Quels sont les symptômes d’un déni de grossesse ?
Les symptômes d’un déni de grossesse restent difficiles à détecter.
Contrairement aux grossesses normales avec des signes clairs, ici, il y a peu ou pas de symptômes de grossesse.
Dans certains cas exceptionnels, il est possible pour la femme de voir apparaitre épisodiquement la manifestation d’indices d’une grossesse. Par exemple, cela peut être des nausées ou des vomissements.
Cependant, ces indices restent souvent si discrets.
Cela a pour effet qu’ils sont souvent attribués à d’autres causes comme une simple indigestion ou dû au stress. De cette manière, la femme ne peut faire de quelconques liens avec une grossesse.
En raison de cette absence de signes distincts, le déni de grossesse reste souvent non détecté jusqu’à un stade avancé de la grossesse. Parfois même jusqu’à l’accouchement.
Dans le cas d’un déni de grossesse partiel, lorsque le déni se lève, les changements corporels surviennent rapidement et de manière frappante. Parfois, le ventre se gonfle en l’espace de quelques heures.
On peut également observer ce phénomène lors de dénis de grossesse totaux. Au moment de l’accouchement, le ventre se distend rapidement.
C’est, en général, très impressionnant à observer. Encore plus à vivre.
Où se trouve le bébé pendant un déni de grossesse ?
En principe, le développement du fœtus suit un schéma typique. Mais dans le cadre d’un déni de grossesse, les choses se déroulent autrement que prévu.
Certes, il grandit à l’intérieur de l’utérus. Mais, plutôt que de croître normalement en taille et en volume, il se développe dans une position inhabituelle.
En effet, le fœtus se positionne le long de la colonne vertébrale ou derrière les côtes.
Dans ces zones, la grossesse reste difficilement perceptible pour la mère et son entourage.
De surcroît, l’absence de prise de poids significative et le manque de sensations de mouvements fœtaux réguliers peuvent aussi masquer la grossesse.
Les transformations corporelles liées à la grossesse, comme l’élargissement du ventre, sont donc quasiment invisibles voire inexistants.
Cependant, ces particularités peuvent être détectées au moyen d’une échographie. Elle permet ainsi de visualiser la position du bébé et de constater son développement.
En outre, même en cas de déni de grossesse, un test sanguin ou urinaire révèlera la grossesse.
Quelles sont les conséquences du déni de grossesse ?
La brutalité de la découverte
La découverte de la grossesse est toujours brutale lors d’un déni de grossesse. Elle l’est encore plus lors d’un déni de grossesse total. En effet, dans ce cas, la découverte se fait le jour de l’accouchement.
Le risque d’infanticide
Si la femme persiste à être dans le déni, le bébé peut être perçu non plus comme un être fragile mais comme une charge encombrante. Une charge dont il faut se débarrasser le plus rapidement possible.
En conséquence, cela peut mener à l’abandon de l’enfant. Et dans des cas extrêmes, à l’infanticide.
Bien que rare, cette issue dramatique reste possible.
Des conséquences potentiellement graves
En outre, on peut constater d’autres conséquences graves pour l’enfant mais également pour la maman.
Par exemple, il y a des risques de naissances prématurées, ou de manque de soins médicaux ainsi que des problèmes de développement.
Cette découverte du déni de grossesse peut provoquer différentes choses chez la mère. Ainsi, on peut penser au choc, au refus, à la culpabilité, à la honte ou encore à la dépression post-partum.
De plus, il se peut qu’elle ait eu des comportements à risque au cours de la grossesse. Pensons, par exemple, à une consommation de drogue, d’alcool, ou encore au tabagisme. Or, ces comportements peuvent nuire à la santé du fœtus.
Le lien entre la mère et l’enfant
Par ailleurs, le déni de grossesse impacte fortement la relation entre la maman et son enfant. En effet, toute la durée du déni empêche la mère de créer du lien avec son futur enfant. Et lorsque le déni se lève, il reste difficile pour certaines femmes de créer ce lien. Cela nuit au développement émotionnel et psychologique de l’enfant.
Et l’avortement ?
A tout cela s’ajoute un autre élément important. Le déni de grossesse empêche, bien souvent, les femmes de choisir l’avortement. En effet, de nombreux pays prévoient un délai légal d’avortement. Or, ce dernier est fréquemment dépassé lorsque le déni se lève.
La prise en charge et l’accompagnement du déni de grossesse
Pour toutes les raisons citées précédemment, des suivis psychologiques, thérapeutiques ou encore médicaux sont essentiels pour la maman.
En effet, cela peut l’aider à faire face à la réalité et à éviter des problèmes, comme une dépression post-partum.
Les services sociaux peuvent également intervenir dans le cas d’un déni de grossesse total. Ils apportent alors un soutien matériel et pratique pour la préparation à la maternité et le suivi post-natal.
Le fait que la mère n’ait pas eu le temps de se préparer psychologiquement à sa grossesse peut compliquer l’établissement du lien affectif avec son enfant. Cela peut parfois pousser la mère à réagir de manière surprotectrice. En adoptant cette attitude, elle cherche à compenser une culpabilité. C’est pourquoi un accompagnement adapté est essentiel pour rétablir un équilibre et favoriser une relation saine avec son enfant.
En conclusion, on peut dire que le déni de grossesse est un phénomène complexe où une femme ignore être enceinte. En théorie, cela résulterait de traumatismes et de peurs. Ce trouble peut avoir des conséquences dramatiques tant pour la mère que pour l’enfant. C’est pourquoi, un accompagnement qu’il soit psychologique, médical, ou même encore aide sociale sont essentiels pour garantir le bien-être de la mère et du bébé.
Lola Chandi
Références juridiques
Loi
Ressources
A venir
Pour aller plus loin
- Vidéo sur YouTube concernant le déni de grossesse. Consultée le 17 février 2025.
- « Déni de Grossesse – Signes, Conséquences, Idées reçues ». https://www.passeportsante.net/, 26 juillet 2016, .
- Déni de grossesse : comprendre, identifier et accompagner. Consulté le 17 février 2025.
- Le déni de grossesse – Recherche Vidéos. Consulté le 17 février 2025.
- Montenon, Inès. « Déni de grossesse : comment le détecter et comment réagir ? » Qare. Consulté le 17 février 2025.
- « Toutes les femmes peuvent faire un déni de grossesse » – comment expliquer ce phénomène ? 22 janvier 2025.
Autre vidéo sur YouTube. . Consultée le 19 février 2025
- Bayle, Benoît. « 10. Le déni de grossesse : Un trouble de la gestation psychique ». Aide-mémoire – Psychiatrie et psychopathologie périnatales, Dunod, 2017, p. 89‑96. shs.cairn.info.