Effet Mathilda

Effet Mathilda

Salut chère lectrice, cher lecteur lecteur ! Aujourd’hui, je vais vous parler de l’effet Mathilda…

Mais non, je ne parle pas du film. Même s’il est sympa, hein.

Alors, installez-vous confortablement. Prenez votre thé préféré. Et laissez-moi vous expliquer ce terme un peu particulier.

La définition de l’effet Mathilda

Leur travail a mené à des découvertes majeures. Pourtant, elles sont souvent ignorées dans les manuels d’histoire. Elles figurent sur des photos sans être identifiées. Et elles voient leurs découvertes attribuées à d’autres.

Les contributions de ces femmes scientifiques ont été essentielles aux avancées de la recherche. Pourtant, elles ont vu leur rôle minimisé, souvent au profit de leurs collègues masculins ou de leurs époux.

On connait ce phénomène sous le nom d’effet Mathilda. En effet, l’historienne des sciences Margaret Rossiter a donné ce nom en 1993. Elle souhaitait ainsi rendre hommage à la suffragette et abolitionniste Matilda Joslyn Gage, qui en avait parlé dès 1870 dans son essai Woman as Inventor.

Cet effet désigne la tendance à minimiser, voire nier, les réalisations des femmes, notamment dans la recherche scientifique, leurs contributions étant souvent ignorées ou attribuées à leurs homologues masculins.

Quelques exemples d’effet Mathilda

Maintenant que vous avez saisi le concept, laissez-moi vous donner quelques exemples d’inventions historiques que l’on attribue souvent à des hommes, alors qu’elles ont été créées par des femmes.

Le Monopoly : l’histoire cachée du jeu de société

Quand vous pensez au Monopoly, il y a de fortes chances que vous imaginiez un homme barbu en costume et haut de forme, avec une canne et une attitude bien propre à lui.

Mais tenez-vous bien, le Monopoly tel qu’on le connaît aujourd’hui s’inspire en réalité d’un autre jeu : The Landlord’s Game.

Ce dernier a été imaginé en 1904 par Elisabeth Magie. Le but de ce jeu ? Dénoncer les injustices du capitalisme !

Pas vraiment le genre de message qu’on associe aux heures passées à acheter des hôtels sur la rue de la Paix, n’est-ce pas ?

Mais à l’époque, son idée a été complètement ignorée. Et c’est là qu’entre en scène Charles Darrow. Il reprend l’idée sans en attribuer le mérite à Elisabeth. Et il transforme ainsi le tout en un succès commercial colossal.

La prochaine fois que vous vous retrouvez à hurler « Ça, c’est ma propriété ! » pendant une partie de Monopoly, rappelez-vous que derrière ce jeu de domination capitaliste, il y a une femme qui voulait, en fait, faire passer un message bien plus critique.

La seringue moderne, c’est grâce à Letitia Geer

Il y a peut-être parmi vous des travailleurs ou travailleuses en soins de santé. Et vous avez probablement déjà eu à utiliser des seringues.

Eh bien, saviez-vous que les seringues modernes telles qu’on les connaît aujourd’hui sont le fruit du travail de Letitia Geer ? En effet, celle-ci les a inventées en 1899.

Son objectif était simple : permettre aux médecins de mieux contrôler les injections tout en rendant l’aiguille plus facile et agréable à manipuler.

Cette innovation a jeté les bases des seringues modernes qu’on utilise encore aujourd’hui dans le monde médical.

Mais malgré son énorme impact, on oublie souvent le rôle de Geer. Et on attribue régulièrement l’invention à des médecins masculins.

Josephine Cochrane : la femme qui en avait marre de faire la vaisselle

Soyons honnêtes : qui aime faire la vaisselle ? Certainement pas Josephine Cochrane !

En 1886, elle en a eu assez de récurer des assiettes. Et elle a décidé d’inventer le premier lave-vaisselle automatique.

Plutôt que d’attendre que quelqu’un.e d’autre s’en charge (spoiler : personne ne l’aurait fait), elle a mis au point un système ingénieux de jets d’eau haute pression pour un nettoyage ultra-efficace.

Son invention a rapidement conquis les hôtels et restaurants. Et comme elle n’avait pas envie qu’on lui pique son idée, elle a breveté et commercialisé elle-même son appareil.

Oui, une vraie cheffe d’entreprise avant l’heure !

Pourtant, malgré son génie, son nom est souvent oublié. Et on attribue parfois son invention à des ingénieurs masculins.

Comme si la vaisselle n’était pas déjà assez injuste, voilà qu’on lui vole aussi le mérite !

Quand la bière était une affaire de femmes

Imaginez un monde où les brasseurs de bière étaient… des brasseuses ! Eh bien, c’était le cas dans l’Antiquité.

En Mésopotamie et en Égypte, les femmes étaient les véritables maîtresses de la fermentation. Elles brassaient de la bière non seulement pour nourrir leur famille, mais aussi pour des rituels religieux et le commerce.

Bref, elles géraient la boisson la plus populaire de l’époque, avec un savoir-faire digne des meilleures microbrasseries d’aujourd’hui.

Mais (parce qu’il y a toujours un « mais » dans l’histoire des femmes et de leurs inventions), avec l’industrialisation et la professionnalisation du brassage, les hommes ont pris le relais. Et ils ont transformé cette activité domestique en un business lucratif.

Résultat ? L’histoire a oublié ces premières brasseuses. Et aujourd’hui, l’industrie de la bière est majoritairement masculine.

Alors, la prochaine fois que vous trinquez avec une bonne bière artisanale, levez votre verre en femmage aux véritables pionnières du houblon.

Parce que sans elles, qui sait si la bière existerait encore aujourd’hui ?

Mary Anderson : la femme qui a empêché les conducteurs et conductrices de finir trempé.e.s

Imaginez : conduire sous une pluie battante en devant ouvrir la fenêtre toutes les deux minutes pour essuyer son pare-brise à la main. Pas très pratique, hein ?

Eh bien, avant 1903, c’était la réalité !

Heureusement, Mary Anderson en a eu assez de cette galère. Alors, elle a inventé les premiers essuie-glaces mécaniques.

Son système, composé d’un bras pivotant avec une lame en caoutchouc, a révolutionné la conduite sous la pluie et la neige. Cela a rendu les trajets bien plus sûrs et confortables.

Malgré cette innovation brillante, son rôle a été largement ignoré. Et comme souvent, l’invention a été attribuée à un homme.

Aujourd’hui, impossible d’imaginer une voiture sans essuie-glaces.

Grâce à elle, fini les trajets périlleux et les courants d’air glacés : Mary Anderson a rendu la route plus sûre et plus confortable pour tou.te.s.

Ada Lovelace : la pionnière de l’informatique (qu’on a un peu oubliée)

Au XIXe siècle, bien avant que les ordinateurs ne deviennent des machines ultra-perfectionnées, Ada Lovelace avait déjà tout compris.

Mathématicienne de génie, elle a collaboré avec Charles Babbage sur sa fameuse machine analytique.

Mais surtout, en 1843, elle a écrit le tout premier algorithme destiné à une machine. En effet, elle avait réalisé que cet engin ne se limitait pas aux simples calculs. Mais qu’il pouvait aussi résoudre des problèmes complexes.

Malgré cette avancée révolutionnaire, son rôle a longtemps été minimisé. Et comme souvent dans l’histoire des sciences, le crédit est surtout allé à son collègue masculin, Babbage.

Pourtant, aujourd’hui, elle est reconnue comme la toute première programmeuse informatique.

Stephanie Kwolek : la chimiste qui a tissé la sécurité

En 1965, Stephanie Kwolek menait des recherches sur les polymères. A cette occasion, elle a fait une découverte qui allait sauver des millions de vies : le Kevlar.

Cette fibre ultra-résistante, à la fois légère et incroyablement solide, est aujourd’hui incontournable dans les gilets pare-balles, les casques de protection et bien d’autres équipements de sécurité.

La prochaine fois que vous apercevez un gilet pare-balles dans un film d’action (ou en situation réelle, mais espérons que non), souvenez-vous que c’est grâce à Stephanie Kwolek que cette protection existe.

Hedy Lamarr : l’actrice qui a aussi inventé le Wi-Fi (et bien plus)

On connait surtout Hedy Lamarr pour ses rôles au cinéma. Mais, elle a aussi eu un impact majeur dans le monde des technologies.

En 1941, avec le compositeur George Antheil, elle a développé une technologie de saut de fréquence pour sécuriser les communications sans fil pendant la Seconde Guerre mondiale.

En d’autres termes, leur invention permettait de transmettre des signaux radio difficiles à intercepter. Il s’agissait d’une véritable avancée pour l’époque.

Aujourd’hui, cette technologie constitue la base de nos Wi-Fi, Bluetooth et GPS modernes.

Plutôt impressionnant pour une actrice, non ? Pourtant, malgré son rôle essentiel, l’histoire a souvent oublié de rendre hommage à Lamarr, laissant d’autres scientifiques récolter les lauriers de ces innovations.

En conclusion

En fin de compte, ce qui est fascinant dans l’effet Mathilda, c’est qu’il nous invite à revoir notre regard sur l’histoire.

Ces femmes, parfois oubliées, ont pourtant façonné notre quotidien avec leurs inventions et leurs découvertes.

Alors, la prochaine fois que vous utilisez un objet quotidien ou que vous profitez d’une innovation technologique, souvenez-vous qu’il y a de fortes chances qu’une femme se cache derrière.

Leur génie mérite d’être reconnu. Et il est grand temps que l’on leur rende enfin femmage.

Parce qu’après tout, l’histoire est bien plus belle quand elle est complète, et quand on célèbre les contributions de tou.te.s, sans exception.

Lola Chandi

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